Extrait du journal
ge, revint chercher sa femme ; on les escorta dignement jusqu’au seuil, et ils partirent, lais sant à tous l’impression d’un ineffable soulage ment. - Seule Mme Maubert était en proie à un vio lent chagrin. Elle ne se souvenait plus des dixhuit années pendant lesquelles sa dernière fille avait pesé sur elle comme une montagne de soucis : elle la voyait seulement livrée aux ha sards de la vie avec un homme qui, sans être précisément méchant, n’était pas bon, qui man quait de sens moral et qui, à supposer que tout fût pour le mieux, ne pourrait jamais l’aider à combattre un mauvais penchant. Doucement, Colette s’approcha et vint s’as seoir sur une chaise basse, tout contre le fau-. teuil où sa mère'pleurait silencieusement. En cette journée et, d’ailleurs, depuis quelque temps, elle avait plus que jamais été la joie des yeux de ceux qui l’entouraient. Une nouvelle éclosion de jeunesse et de beauté lui faisait une sorte d’auréole et, de plus, elle était vêtue à ravir. — Mère chérie, dit-elle tout bas, écoute-moi( C’est pour aujourd’hui que j’ai réservé bien des paroles. Je ne t’ai pas assez aimée, je ne t’ai pas assez connue ; je m’étais mariée trop jeune, et je ne savais rien regarder. Maintenant, je connais mieux la vie et ses devoirs — ses joies aussi. A présent, je t’aime comme je ne croyais pas qu’il fût possible d’aimer et je veux te con soler. Il m’arrivera un grand bonheur l’été prochain : tu ne devines pas? Mme Maubert tressaillit et regarda sa fille aînée, dont le visage était couvert d’une rou geur juvénile. Elle s’était si bien habituée à la voir sans enfant qu’elle ne la comprenait pas. — Oui, maman, reprit Colette, j’aurai un bébé en août ; et, si tu le veux bien, j’aimerais tant à longuement causer avec toi, à apprendre de ta bouche tant de choses que j'ignore... Si tu le permets, Roger et moi, nous passerons l’été aux Pavillons, et c’est là. que je mettrai au monde le petit être qui t’appellera grand’maman. Tendrement, doucement, avec une. floraison inespérée de joie dans son âme attristée, Mme...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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