Extrait du journal

Dans le discours qu’il a prononcé, hier, au banquet de Nantes, le ministre de l’in struction publique a. indiqué un critérium pour distinguer, parmi les ralliés, les « vrais convaincus » des autres. « IL ne suffit plus, a-t-il déclaré, de crier : « Vive la Républi que 1 » car, « aujourd’hui, tout le monde sè dit républicain ; chacun, parmi les nouveaux venus, se prétend aussi républicain que le plus ancien d’entre nous, si bien que nous ne savons plus, quand nous crions : « Vive la République ! » et qu’on nous répond : « Vive la République ! » si nous avons af faire à des républicains sincères. » Le moyen d’éprouver les dévouements, c’est de crier: « Vive la Révolution française ! » et de voir ’ si Ton est suivi, « la République n’étant que la consécration de la Révolution ». La formule nous paraît excellente, à con dition qu’elle ne soit pas, comme le nom, même de la République, un simple « mot ». Pour avoir, en effet, le droit de se proclamer réellement libéral et démocrate, if faut être imbu des véritables doctrines de la Révolu tion, telles qu’elles se sont affirmées dans les délibérations de la Constituante et dans la solennelle « Déclaration des droits ». Il faut être attaché de toute sa raison et de toiit son coeur à la triple conquête de l’esprit moderne sur l’esprit de tyrannie ét de persé cution des vieux âges : liberté politique, li berté de conscience, liberté du travail. La liberté politique, on n’ose plus guère la.contester. Et ceux-là mômes qui souhaite raient encore la restauration d’uné dynastie reconnaissent, en général, que la monarchie devrait s’appuyer sur la volonté populaire. Mais les deux autres : la liberté de cons cience et là liberté du travail, combien, non seulement parmi les nouveaux républicains, mais aussi parmi les anciens, paraissent oublier de plus en plus / les obligations qu’elles imposent? . ,/,./! Car vouloir la liberté de conscience, ce n’est. pas uniquement lutter contre l’oppression ciéricale, contre le fanatisme des croyants, c’est combattre le fanatisme, sans aucune épithète, et l’histoire prouve qu’il peut se rencontrer non moins violent et non moins injuste chez ceux qui ne pratiquent aucun...