Extrait du journal
ignore ou dédaigne pendant qu’il acclame les maris : vie d’effacement, d’abnégation, de sa crifices sans compensations et de responsabi lités dépourvues de gloire, où l’épouse, se vieil lissant avant l’âge, devient tutrice, assume les charges et les tourments d’une mère, dont elle n’a point l’autorité. A elle, dans cet inégal par tage, les soucis d’argent, d’affaires, les devoirs pénibles, les tracas ; à elle, le soin des installa tions provisoires, des bagages à faire et à dé faire, des comptes à régler, des discussions, des courses: parce qu’il ne faut pas que le divo se fatigue ; parce que le capital, la fortune, l’a venir sont là, dans cette fibre fragile, cette corde vocale qu’une contrariété ou un rhume suffisent à altérer. Et lorsque les mauvais jours, les jours de maladie ou de chagrin, arrivent, à elle encore d’entendre les plaintes et les récri minations puériles ; à elle, de subir les dépits, les exigences, les boutades; à elle, de soigner, d’apaiser, de consoler, de concilier les parties, de mettre fin aux querelles, de réparer les torts, de manœuvrer, raccommoder, penser à tout et arranger toute chose 1 Pour récompense ? l’abandon parfois, rare ment le respect, souvent des reproches. Mais, en revanche, une trépidation continuelle, la continuelle incertitude du lendemain, et le droit de prendre part à cet éiat incessant d’anxiété et de fièvre qui est le lot presque inévitable de tout artiste au théâtre. Comment Clémence put-elle se faire à une vie pareille? Comment cette enfant de seize ans, ignorante jusque-là de ce qu’est un souci, put-elle suffire à cette tâche inattendue et écra sante? Par cette merveilleuse faculté. d’adapta tion que la nature a mise en la femme, et qui permet souvent à une frêle créature, de résister où l’homme le plus fort succomberait. Elle travailla sur elle-même, en quelques semaines mûrit et se fit courageuse, prévoyante, accom plissant d’emblée ce miracle de se mettre au courant des idées et des faits d’un inonde à elle nouveau. Elle réussit à s’attacher aux devoirs si lourds qui venaient tout à coup peser sur ses épaules; à s’habituer à la sphère où, désormais, il lui faudrait vivre, se contentant pour toute joie de s’associer humblement aux triomphes de son amant, de recevoir, dans sa pénombre, l’écho et comme l'éclaboussure des ovations...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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