Extrait du journal

Il est intéressant, à ce propos, de relever le langage d'un grand journal conservateur anglais qui est tout dévoué à la politique étrangère de lord Salisbury et, par conséquent, à l'entente avec l'alliance des trois Etats dits du Centre. Le Standard né saurait être sujet, ;de la part de la presse italienne, aux accusations de mauvaise volonté et de mauvaise Ifoi dont elle est si prodigue à l'égard de la presse française. Avec une franchise toute bri tannique, il condamne le ton provocateur que M. Cnspi a employé dans ses notes, et lui conseille de méditer le conseil de Shakespeare Veillez sur vos paroles, dc peur qu'elles ne gâtent votre fortune. Il recommande au premier ministre italien, au cas où le prince ae Bismarck voudrait le pousser plus avant dans la polémique irritante avec la France, cas, il est à peine nécessaire de l'ajouter, fort improbable à nos yeux, de ne pas oublier que le chancelier « a un talent tout particulier pour se débarrasser de ses amis gênants, lorsqu'il y voit son intérêt ». Cet article remarquable montre que l'opinion européenne est faite sur les mérites dé la dispute que M. Crispi a engagée et soutenue avec tant d'aigreur au sujet de Massaouah. On peut dire que c'est, dans le concert d'éloges qui accompagne le cortège triomphal de l'homme d'Etat à qui tant de raisons publiques et privées eussent interdit autrefois d'aspirer à l'amitié du tout-puissant chancelier, la note discordante qui vient lui rappeler qu'après tout il y a encore un sentiment public européen et qu'il forme la meilleure sauvegarde contre les plans– et les complots qui peuvent se former dans les entrevues confidentielles de ministres dirigeants.....