Extrait du journal

Si les nouvelles de l'Albanie sont assez graves, nous constatons avec plaisir que la Roumélie orientale semble entrer dan s une ère plus tranquille. Il n'est plus question de mauvais traitements iIlfligé aux musulmans. Au contraire, les autorités de piîilippbpoli et d'autres villes fonttous leurs efforts pour faire rentrer les réfugiés dans leurs villages. En un mot, l'hostilité entre les chrétiens et les musulmans s'apaise rapidement. L'Assemblée provinciale évite toutes les questions brûlantes pour s'occuper exclusivement des affaires financières du pays et pour combler le déficit de 5 millions causé par la mauvaise récolte. Les Grecs. il est vrai, se montrent assez hostiles à l'état de choses existant et se plaignent d'être pratiquement exclus de toute participation aux affaires publiques, mais ils sentent que le moment n'est pas favorable à de trop vives réclamations. Les Bulgares, complètement maîtres de la situation, s'efforcent de détruire la mauvaise réputation qu'ils se sont faite pendant la période de la lutte et montrent certainement beaucoup de sens politique. Leur attitude a complétement changé avec les circonstances. Aussi longtemps qu'ils ont cru à la possibilité d'une union avec la Bulgarie, les chefs ont entretenu l'agitation populaire dans la province, encouragé les mouvements insurrectionnels de la Macédoine, protesté contre les décisions de l'Europe, et fait tout en leur pouvoir pour faire revivre le traité de San Stefano. Mais dès qu'ils virent l'armée russe quitter les provinces des Balkans, dès qu'ils comprirent que l'Europe n'avait aucune intention de modifier le traité de Berlin, ils résolurent de tirer le meilleur parti de ce qu'ils avaient obtenu et de se concilier l'opinion publique de l'Europe. Les hommes d'Etat de Philippopoli veulent prouver que les Grecs et les Roumains ne sont pas les seuls qui puissent vivre côte à côte avec les musulmans, et que le seul moyen de salut qui reste à la Turquie est d'étendre aux autres parties de l'empire les garanties contitutionnelles que leur a données l'Europe. Espérons qu'ils parviendront à faire cette preuve. En attendant, nous constatons avec plaisir l'amélioration qui s'est produite dam les rapports entre Chrétiens et musulmans dans la Roumélie orientale....