Extrait du journal

C'est ce qu'il a fait. Il a montré aux cabinèts européens une -France pacifique, laborieuse, indépendante, loyale observatrice des traités, aussi éloignée d'une présomption téméraire que d'une humilité qui ne lui conviendrait pas non plus. Cette France nouvelle ne veut prendre en Europe que la place qui lui appartient; mais elle veut la prendre tout entière. Respectueuse des droits des autres puissances, elle entend que les siens aussi soient respectés. Elle a le sentiment très vif et très légitime de sa force, sans avoir oublié toutefois les erreurs anciennes qui furent la cause de ses revers. C'est ainsi qu'elle a pu reprendre, sans contestation, dans les conseils de l'Europe, le rôle important qu'elle avait perdu au moment de la guerre de 1870. Quand elle nous vit abîmés dans d'épouvantables désastres, l'Europe a pu croire un instant que la France avait disparu du milieu des grandes puissances ; mais la disparition n'a été que de courte durée, la France s'est relevée, et la voici plus florissante que jamais. Elle n'est pas seulement plus florissante ; elle est plus sage, pour n'avoir pas cessé, depuis dix ans, de méditer sur ses malheurs....