Extrait du journal
pyles. La gloire du soldat a cette gran deur de ne point tenir ji la cause qu'il sert pourvu que la'Patrie y soit engagée. O gloire des soldats tombant dans les batailles, Seule gloire restée et qui tentes l'effort, Je t'envie à qui meurt pour le.droit du moins fort, Et mon rêve te suit parmi les funérailles. Près d'oublier l'horreur de ce grand champ de mort Où le vol des chevaux disperse vos entrailles, Où, couchés sous le vent des lointaines mitrailles, Vous reposez-en paix, meurtriers sans remord. [sommes, Je pense que, du moins, seul, au temps où nous L'amour du sacrifice à fait, de vous, des hommes, Qu'insoucieux du bat, du devoir convaincus, Vous le servez quand mêmè et d'une âme aguerrie! — O gloire de tous ceux que pleure ma Patrie, Je t'envie à qui meurt pour le droit des vaincus ! La nuit est venue, une belle nuit toute blanche de lune, non plus la nuit polaire de Finlande, mais une nuit commé les nôtres; avec un grand scintillement d'étoi les. Les arbres, à l'horizon, sont comme des régiments d'ombres marchant en sens inverse de notre mouvement, en rangs serrés, les fusils droits sur l'épaule. Audessus, un petit nuage met, "de temps en temps, comme un frémissement de dra peau. On n'entend pas les tambours de cette silencieuse armée. Ces troupes sont muettes comme une image deGharlet ou de Raffet. Quelquefois un accident de ter rain en interrompt la théorie. C'est une trouée de quelque invisible boulet qui passe. Les grenadiers accélèrent le pas sur un terrain qui décline avec furie et c'est comme un engloutissement de ces masses vivantes, comme leur chuté dans un gouffre qui se referme sur elles. . . Une grande nappe d'eau calme luit devant nous, comme une coulée de métal, comme la lame d'un véritable glaive posé à terre.Nous sommes à la Bérésinal . III L'aube radieuse et blanche dans un admirable paysage fait degrands bouquets de sapins plongeant leur dentelure noire dans un ciel rose dont les reflets brillent comme de larges pétales de fleur dans les flaques d'eau. Car c'est une terre maréca geuse, avec des bruyères à l'infini, d'où monte le vol réveillé de gros flamants dont lesailes circonflexesbattent l'air lour dement, cependant que leurs pattes imbé ciles semblent flotter au-dessous d'eux. C'est sauvage et superbe, avec je ne sais quelle expression biblique du lac de Génézareth. Les terrains presque noirs, coupés d'étangs qui les bordent d'argent clair, font l'effet d'une dentelure couchée sur un vitrail. Viennent ensuite des terres jadis richement boisées d'où ne montent plus que des tronc coupés presque au ras du sol. C'est que le peuple qui en vit maintenant encore est comme décapité. Dé ci dé là, des calvaires rustiques, des bouquets de croix s'élargissant sous la poussée des anciennes tempêtes. C'est que dans ces champs un peuple a longtemps combattu pour sa liberté. Un grand calme apparent est maintenant sur le souvenir de ces luttes. Sur les sillons grands ou verts, les laboureurs sont penchés pour je ne sais quelle récolte. Des femmes aux jupons rouges, courbées.en deux, sem blent, de loin brouter l'herbe comme les chevaux à demi sauvages, maigres avec de longues crinières et de longues queues^ qui courent dans les pâturages voisins, de grands oiseaux de proie poursuivant audessus, d'eux les alouettes dans l'air. Car le symbole est partout pour qui regarde,' et pour qui se souvient. Nous sommes en; Pologne et nous n'avons pas encore atteint Varsovie que, déjà, une grande lumière rouge à l'horizon suit la chute du soleil, faisant courir au bord du ciel, comme un reflux de pourpres enfumées. C'est d'une sérénité grande et terrible, étant donné le sentiment que je ne peux vaincre. Je suis le moins fait du monde pour juger les querelles des peuples et ne sais pas où est la justice dans un ordre de faits où l'impé nétrable histoire nous montre rarement le triomphe du droit. Mais, à quelque cause qu'ils aient appartenu, les vaincus sont toujours sacrés. Et, devant ce spectacle du soleil déclinant sur une gloire couchée, quelle chose chante en moi : Oh ! les soleils couchants sur la Pologtie morte I Oh! les soleils éteints, fumants à l'horizon, Et, s'élevant autour de ce rouge tison, Cette vapeur de sang qu'un souffle doux emporte ! La Nation qui fut jadis vaillante et forte , N'est qu'un peuple martyr couché sous ce gazon, Et l'histoire, implacable, a, comme line prison, Sur les splendeurs d'antan, fermé sa lourde porte. Qu'un Dieu les ait, ou non, justement châtiés, J'ai, pour tous les vaincus, d'éternelles pitiés Et suis le frère "en deuil des races abolies. Ma patrie est partout où meurt la liberté. — Oh ! lès soleils couchants sur ce pays dompté ! Oh! les soleils éteints sur les gloires pâlies! ARMAND SILVESTRE. Reproduction-interdite....
À propos
Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.
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