Extrait du journal
LÀ ROCHELLE. ESindifféren iis me politique. Il y a beaucoup de gens eu France pour qui les leçons du passé sont lettres mortes. On dirait qu’ils sont nés d’hier , ou qu’ils ignorent complètement l’origine des dernières révolutions de leur pays et la manière dont elles se sont accomplies. — Ne leur conseillez pas la vigilance : vous troubleriez la douce quiétude dans laquelle ils se complaisent ; ne cherchez pas à les prémunir contre une surprise: à travers la nuit sombre qu’épaissit autour d’eux l’illusion, le ciel leur apparaît pur et serein , l’ho rizon sans nuages. Un coup de tonnerre et une catastrophe sont seuls capables de les réveiller et de faire tomber le triple bandeau qui leur couvre les yeux. Ces honnêtes citoyens se déclarent hautement ennemis des révolutions ; mais , sans le vouloir et peut-être sans le savoir , ils poussent tant qu’ils peuvent à une révolution ; ils veulent le maintien de nos institutions , mais ils se laissent entraîner par le courant de l’opposition systématique , et, dans leur candide bonne foi , ils deviennent les auxiliaires complaisants de ceux qui ne séparent pas les idées de réformes d’une idée de renverse ment. Us se feront frondeurs par passe-temps ; ils affecteront le dénigrement, ils affubleront à tout propos leur langage de ce ton sarcastique qui dis pense de toutes raisons et jure avec le bon sens, comme certaines femmes s’affublent d’un vêtement de forme ridicule parce qu’il est de mode et bien porté. S’ils ne vont pas jusqu’à mêler leur voix à celles des insulteurs de toute autorité, de tout homme du pouvoir, vous les verrez, du moins , sourire à l’outrage que voile à peine un ignoble jeu de mots, applaudir à Yesprit du Rappel et déclarer que la Lanterne de M. Rochefort est fort éclairée. Outre leur légèreté d’esprit, les aimables égoïstes qui, tout en se disant conservateurs , jouent le jeu de leurs ennemis, professent sur l’avenir la plus complète indifférence. Habitués qu’ils sont, depuis dix-huit ans, à un régime de paix et de sécurité, ils ne croient pas à de nouvelles révolutions. Les ligues des ambitieux , les manœuvres des factions , les appels à la révolte, la licence effrenée d’une foule de journaux inspirés par une seule pensée , ne poursuivant qu’un seul but : la destruction de ce qui est ; le spectacle des doctrines perverses prêchées ouvertement, surexcitant les instincts cu pides des masses ignorantes , et venant aboutir à l’athéisme, à la liquidation sociale, à l’abolition des religions, de la propriété, de la famille ; toutes ces théories corruptrices et dissolvantes , qui forment l’évangile des niveleurs révolutionnaires, s’infiltrent partout, gagnant du terrain et n’attendant qu’une circonstance favorable poür s’imposer avec la bru talité d’un fait. Mais les optimistes , à la robuste foi, n’ont pas le moindre souci de ces éventualités. Exagération ! Spectre rouge ! craintes chimériques ! s’écrierontils. Est-ce qu’un gouvernement fondé sur de pa reils '.principes est possible en France? Est-ce que la propriété, dans les conditions qui la régissent, ne se défqpdrait pas contre le communisme ? Estce que le pays se laisserait faire ?... S’il est un langage puéril, c’est celui-là. On ne saurait méconnaître avec une frivolité plus pré somptueuse les sévères enseignements de l’expé rience. Quand on a vu se succéder à courts inter valles trois révolutions en moins de vingt-pinq ans;...
À propos
Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.
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