Extrait du journal

LÀ ROCHELLE. Nous avons fait connaître l’opinion emise par M. Casimir Périer au sein du Conseil général de l’Aube, au sujet du sénatus-consulte. Si les réformes annoncées reçoivent leur exécution , a dit 1 hono rable chef d’une famille entièrement dévouée, comme on sait, à la branche cadette des Bourbons, je ne vois pas quel motif auraient les partis oppo sants de persister dans leur attitude hostile à l’égard du gouvernement impérial. C’était là , de la part de M. Casimir Périer, un acte de conscience, de bonne foi, qui l’élevait au-dessus des petits in térêts et des mesquines préoccupations des coteries politiques. C’était, de plus, un bon exemple qui , donné par un homme haut placé dans 1 estime pu blique, devait nécessairement exercer de 1 influence sur les esprits assez fiers de leur dignité , assez maîtres d’eux-mêmes pour ne pas se laisser dominer par des rancunes systématiques. Ces esprits droits, aux instincts libéraux , n’avaient qu’une crainte : c'est que le principe d’autorité ne prît une trop grande place dans l’administration des affaires pu bliques, au détriment du principe de liberté. Par le sénatus-consulte ils se trouvaient rassures et , comme leur appréhensions, leur opposition n avait plus aucune raison d'être. Et, en effet, d’autres ont pensé , agi comme M. Casimir Périer, et se sont ralliés franchement à l’Empire. Nous citerons notamment M. de Barante — encore un grand nom —qui, dans une réunion de notabilités politiques , s’est exprimé en ces termes : « Nous voulons consolider le gouvernement ; » c’est pour cela que, dans notre conscience, nous » continuerons à le pousser dans la voie libérale , » et nous applaudirons de grand cœur à toutes » ses concessions. » De pareilles déclarations ne font pas les affaires de MM. les irréconciliables , qui voient s’éclaircir leurs rangs et se rattacher au gouvernement ceux dont l’appui leur paraissait assuré. Aussi 1 g Rappel manifeste-t-il sa colère impuissante et son dépit : — « Le sénatus-consulte, dit-il, aura créé une nouvelle classe de satisfaits. Messieurs les 11G saisissent toutes les occasions de manifester leur gratitude. » Et pourquoi pas ? Est-ce que les hommes du Rappel n’étaient pas de la classe des satisfaits sous Louis-Philippe ? Est-ce qu’on empêche Y homme qui rit de se transporter à Lauzanne et d’y exhaler sa rage contre la royauté, contre cette vermine de princes qu’il eut jadis pour protecteurs et dont il s’est montré l’adulateur, en prose et en vers, tant qu’ils ont été sur le trône ? Du moins, le retour dés intéressé des hommes de l’opposition constitution nelle vers le gouvernement ne ressemble en rien à la course effrenée du grand Victor Hugo vers le socialisme, aux folies furieuses , aux excentricités ridicules de ce nouvel Erostrate qui, dévoré d’am bition et d’orgueil, prêche la guerre universelle comme moyen d’obtenir la paix, et, sur le bord de sa tombe, semble vouloir ensevelir avec lui la France dans la boue sanglante d’une nouvelle révolution. Si les irréconciliables s’imaginent qu’ils gagne ront de nombreux adhérents par leurs violences, ils se trompent. Crier chaque matin, par-dessus les toits, qu'on n’est pas libre, et en même temps se...