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L’Écho rochelais, 23 mai 1843

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L’Écho rochelais
23 mai 1843


Extrait du journal

qualité saccharine de la betterave était vis-à-vis de celle de la canne , dans le rapport d’infériorité de 1 à 5 ; enfin le gouvernement aurait compris qu’il ne pouvait accorder cette protection sans nuire essentiellement au Trésor , à la marine, à l’agriculture, et aux intérêts nationaux qui se trouvent étroitement liés au maintien du bon marché des produits dans la consommation gé nérale. Il 11e l'a pas fait ; c’est une faute que n’a pas commise le gouvernement anglais. Celui-ci, en effet, après avoir mûrement pesé les considérations.que nous venons d’é mettre , a déclaré aux agriculteurs et aux fabricans du sucre indigène qu’un droit égal serait immédiatement établi sur leurs productions comme sur celles des colonies. C’était maintenir le principe du droit commun, que nous avons méconnu sans parvenir à conjurer le péril qui menaçait les deux industries ; c’était faire œuvre de jus tice et de prévoyance. On sait ce qui est arrivé depuis. Fatiguées, haletantes, menacées dans leur existence , les deux industries ri vales ont fait entendre des cris de détresse, et il a fallu recourir aux moyens de les arracher à leur triste posi tion. Dans ce but un projet de loi a été élaboré et pré senté à la Chambre. Eu adoptant, après de longs dé bats, un amendement formulé par M. l’assy, la Chambre croit-elle avoir résolu le problème conformément aux régies de l’équité, de la prudence ? Cet amendement décide que le droit sur le sucre in digène, maintenu au taux actuel jusqu'en août 1S i i , sera augmenté de 5 francs par année, à partir de celte époque, jusqu’à ce qu’il soit égal à celui qui pèse sur le sucre des colonies. | Lorsque M. Passy, en présentant son amendement, a prétendu qu’il ne voulait pas s'associer à la destruction violente d’une industrie et que cet amendement avait pour base le principe du droit commun , M. Passy n’était pas dans le vrai. De deux choses l’une : ou les colons sont Français comme les fabricans du sucre de betterave , ou les colons sont des étrangers auxquels le droit commun écrit dans la Charte n’est pas applicable. Si les colons sont Français à l’égal des fabricans du sucre indigène , tout atermoiement de l’égalité des droits entre les deux sucres est une dérogation flagrante au principe du droit commun. Envisagée dans ses conséquences, la mesure adoptée par la chambre qui n’est pas à proprement parler une solution , est déplorable. Elle tue la petite industiie su crière indigène au profit des riches fabricans qui à l’aide de leurs forts capitaux pourront seuls sont* nir la lutte, et résister à l’augmentation des droits progressifs ; elle porte en même temps un coup funeste aux colonies qui, déjà obérées depuis plusieurs années , vont se trouver long-temps encore écrasées sous les efforts d’une concur rence redoutable , qui va tirer partie du privilège dont elle jouit pour inonder de ses produits le marché national ; elle entraîne de grandes perles pour le Trésor ; elle laisse eu souffrance notre marine. Tous les intérêts se troiiv-*nt compromis par celle loi, sauf les intérêts des liants barons de la finance et de l’industrie. C'était bien la peine de faire tant de bruit, d’ajourner si long-temps une décision pour arriver à un résultat aussi ridicule et aussi compromettant ! Dans sa séance du 18 mai, la chambre a terminé le vole de la loi'des sucres. Un amendement de M. Jollivel ayant pour objet de réduire à un seul type tous les sucres des colonies franç,lises, n’a pas été appuyé. La chambre a décidé que les j types déterminés poar la classification des sucres indigènes ! seraient communs aux sucres coloniaux La prohibition de l’importation pour les sucres raffinés demeure maintenue. L’impôt de la glucose , espèce de sirop concret tiré de la fécule de pommes de terre, a été porté à ‘2 fr., que paie aujourd’hui, et pour quatorze mois encore l’industrie ‘U L’ensemble du projet de loi a été adopté à ‘2S6 voix contre 97....

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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Données de classification
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