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L’Éclaireur de l’Ain, 30 avril 1916

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L’Éclaireur de l’Ain
30 avril 1916


Extrait du journal

Albert Thomas a été à peu près unani mement loué par la presse de toutes nuances pour son discours du Creusot. Il n’y a guère que l'Echo de Paris qui exprime ses regrels sur l'étatisme excessif qui semble ressortir menaçant de ce discours. Thomas a donc une bonne presse. Trop bonne peut être. Par hi nous en tendons que lorsqu’un socialiste aborde les lourds problèmes d’avenir et que de sa lanterne il éclaire la route de façon à recueillir les marques d’approbation des adversaires les plus déterminés de nos doctrines, il y a lieu pour nous d’observer de prudentes réserves et d’examiner avec méfiance les solutions proposées. Il y a toujours eu chez Thomas du réformiste impénitent. 11 lut de l’école de Jaurès jadis. En Allemagne il eût été révisionniste avec Bernstein. Mais, alors que l’impuissance réformatrice du régime paraissait avoir ramené Jaurès à une pensée plus révolutionnaire au cours des dernières années d une glorieuse existence, toute faite de vie intense et de batailles géantes, alors que Bernstein reconnaissait loyalement quelques semaines avant la guerre, le danger des illusions révisionnistes et semblait faire un retour aux « vérités marxistes», Albert Thomas lui, allait toujours plus à droite, prêt à s’évader du socialisme où l’on sent bien que son esprit ne se complaît pas. La participa tion personnelle au gouvernement — dont il fut toujours partisan — l’aura certainement éloigné davantage de la conception du socialisme parti de classe. L’homme continue son évolution. C'est ce qui ressort le mieux du discours du Creusot et des allusions à l’union sacrée, sur des airs de flûtes. Non pas que tout soit à reprendre dans le programme d'après guerre es quissé par l’orateur. Nous sommes disposés à applaudir les passages glori fiant l’organisation nécessaire, l’indis pensable effort méthodique et collectif. C’est évidemment dans cette voie que la société française devra être aiguillée si elle veut se relever des blessures terribles de la guerre. Le socialisme a tout à y gagner, car sa victoire ne s établira pas dans un pays de production anarchique, de désordre économique, impliquant une politique d’individualis me et d'impuissance démagogique. Benaudel avait raison d’indiquer que l’esprit d’organisation, d'effort associé, qui animait Thomas l’autre jour avait sa source dans une éducation socialiste. Mais ce qu'il faut ajouter, c'est que ce sera le capitalisme qui sera appelé à se réformer lui-même, à se discipliner, à se sauver de la crise grave qui suivra les événements. Si le socialisme veut demeurer le grand et unique liquidateur éventuel, au terme plus ou moins prochain de l'évolution plus accentuée et plus rapide du régime actuel, il restera le parti de la classe ouvrière, agissant, hors du pouvoir — ce qui ne veut p'js nécessai rement dire toujours contre le pouvoir — en pleine indépendance et autonomie. Renoncer à ses principes, à cette tactique, qui furent et resteront nôtres, c’ests’insurger contre les idées essen tielles qui servirent de base au pacte d’unité, c’est prendre position contre l’action nationale de classe du prolé ta riat comme déjà Albert Thomas et...

À propos

L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.

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