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L’Ère nouvelle, 22 avril 1927

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L’Ère nouvelle
22 avril 1927


Extrait du journal

M. P. S..., qui aime la politique et la mêle volontiers à la littérature, part en guerre, dans le Temps, contre un député bien coupable, M. Paul Constans, qui vient de déposer sur le bureau de la Chambre une proposition de loi « tendant à déclarer propriété nationale les œuvres littéraires tombées dans le domaine pu blic et à percevoir, au profit du Trésor, une taxe de dix pour cent sur leur vente ». Et M. P. S..., traitant d’insensé le projet de domaine public payant, a sorti son ironie des grands jours pour « passer à la couverte » le comitardisme.Le comitardisme? Quelle langue, ô critique républicain, et quel mystère ! Quels sont ces comitards qui « poursuivent ténébreuse ment leur dessein d établir une taxe sur le do maine public, laquelle serait perçue par eux et par eux employée à protéger et encourager '«6$ écrivains vivants » } Ils ne me semblent pourtant pas dépourvus de logique, et de bon sens même, ces sombres comitards. Ils sont assez ingénus pour panser que les vivants ont besoin souvent d une aide matérielle dont se passent, hélas ! fort bien ceux qu'éclairent le fumeux soleil des morts. Se servir des uns pour soutenir les autres, c est faire appel aux res sources de la famille. Mais M. P. S..., aux modestes initiales, aie au secours des lettres et de la culture générale ! Se doute-t-il qu’il crie aussi au secours des éditeurs, ces pauvres gens qui, abattus sut les œuvres du domaine public comme rats sur un fromage, n ayant plus de droits à payer à ces insupportables auteurs, vont se trouver dans la triste nécessité de donner ces dix pour cent dont ils se croyaient bien quittes. L’exemple récent de Baudelaire, un vieil ami, dit-on, de M. P. S..., prouve que le domaine public a du bon pour certains éditeurs. Je ne sais si le poète et Poulet-Malassis ont fait fortune avec les Fleurs du Mal, mais, je crois que, depuis l'année dernière, les éditeurs ont cueilli une gerbe dorée de ces Fleurs du Mal qui ont dû leur faire quelque bien. Mérimée est en train de recommencer cette expérience. Quand les auteurs ont dansé la capucine devant leur buffet et que, cinquante ans après leur mort, leurs œuvres tombent entre les mains de qui veut les prendre sans qu un centime en revienne à leurs descendants, il' n est pas im moral de demander à ces héritiers bénévoles d’éditeurs un peu d’argent pour les auteurs vi vants. Et que ce soit l’Etat qui perçoive, c’est encore mieux, à condition toutefois qu’il en fasse un usage strictement littéraire. Ainsi. M. P. S... sera content en songeant que ses œuvres, plus tard, vendues à gros ti rage, permettront à quelque poète de prendre sa volée. HENRY JACQUES....

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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