Extrait du journal

Républicains ? Oui. parbleu ! nous le som mes. Et le pays l’est au moins autant que nous : il a enfin compris que, depuis cent ans, il faisait fausse route avec la monarchie. Elle lui a coûté assez cher, hélas ! Radicaux? C’est encore très bien, mais moins vif et moins chaud. Nous louons la République, mais il y manque je ne sais quel accent d’enthousiasme. Il faut aller jusqu'aux radicaux-socialistes pour retrouver la flamme dont le pays a besoin. Ah ! le pays, on l’avait cru absent, indifférent, neutre. Il n’avait, disait-on, rien compris à cette grande page d’abstractions qu’est la Dé claration des Droits de l'Homme. Mais, ô miracle, il a compris ! Il a retenu ! Il a mieux senti que nous la révolution qui se continuait. Il a rejoint tout naturellement la Troisième République à la Première. El il ne demande qu’à marcher. Le pays aujourd'hui est plus foncièrement républicain qu’il ne l’était en 1789. Il y a. partout, une forte poussée républicaine. Et si nous ne lui apportons rien de nouveau, si nous lui répétons sans cesse : Patience ! sans prendre la peine de pousser à la roue, sans nous engager à faire demain un peu plus qu’aujourd’hui, si nous lui donnons l’impression que la République est un cadre fixe qui en vaut un autre, soyez sûrs qu'il commencera à douter de nous. S’il nous voit, pour un motif ou pour un autre, ajourner ou attendre sans impatience les réfor mes qui sont la révolution en marche, sans bar ricades et sans tocsin, il ne dira peut-être rieu, mais il fera tout bas maintes réflexions dont nous ne tarderons pas à voir les conséquences. Que le congrès radical s’arrange donc de telle façon que les propositions de FranklinBouillon écartées à la quasi-unanimité, il sorte de ses délibérations autre chose que la simple répétition des ptomesses que nous répétons de puis des années. C’est une république d’action, de progrès et de transformation sociale que de toutes parts on demande. N'hésitons pas à l’ins taller ! On nous suivra. Ferdinand BUISSON....