Extrait du journal

bord, une explosion de joie, un véritable soulagement. On en a donc terminé avec les. brigands, assassins, cambrioleurs, voleurs d'automobiles, qui, depuis plusieurs mois, terrorisent la France. Une foule innombrable s'était portée, dimanche, à Choisy-le-Roi. Si on l'eût laissé faire, elle eût lynché les misérables. Mais, ce qui la remuait, c'était aussi la curiosité du spectacle, l'intérêt du drame que dénouait un épisode sanglant. Elle avait l'illusion de suivre les péripéties d'un prodigieux roman-feuilleton, d'un mélo vécu. Elle en exécrait les sinistres personnages, assurément ; mais, à cause même de l'énormité de leur crime, ils l'attiraient par un je ne sais quoi de monstrueux; à l'horreur qu'elle éprouvait se mêlait une sorte de fascination malsaine, et je ne jurerais pas que, parmi ces spectateurs, — surtout chez Certains jeunes gens à l'imagination déréglée, — il ne s'en soit pas trouvé quelques-uns pour regretter qu'une pièce si bien charpentée, si émouvante, fût sitôt finie. A leurs yeux, Bonnot était une manière de héros, comme le furent, autrefois, Maadrin et Cartouche; ils oubliaient l'atrocité de ses actes pour ne se souvenir que ide son audace, de son énergie, de l'incroyable adresse avec laquelle il dépistait et bernait les policiers. Une légende commençait à se former autour du banditfantôme......