Extrait du journal

jon : La Ligue du Silence aux Enterrements. Ce prélat a été choqué de l'inconvenante attitude de la foule qui se presse derrière les convois funèbres. Il a remarqué que les vivants semblaient fort peu se soucier du mort et que, au lieu de penser à lui, ils ne songeaient guère qu'à eux-mêmes et saisissaient l'occasion de cette cérémonie pour s'occuper de leurs petites affaires. S'il s'offense de ce qui se passe à Dijon, que dirait-il de ce qui se passe à Paris? Ici, vraiment, l'enterrement est une cohue, et, lorsque le défunt a joui de quelque notoriété, une cohue indiscrète et bruyante. Une heure avant l'office, les badauds envahissent l'église, avides de contempler les « têtes célèbres », d'écouter la musique, de s'amuser du spectacle... Pour eux, ce n'est que cela: une belle représentation théâtrale, un délassement mondain. Au premier rang du cortège, on se montre affligé, recueilli. Parfois, on pleure. Il y a encore, Dieu merci, des enfants tendres, des veuves sensibles. Les amis intimes — en nombre restreint — éprouvent un regret sincère qu'exprime leur air morne et dolent. Puis, viennent les demi-indifférents, les gens occupés, distraits, qui s'acquittent d'un devoir de convenance, où le coeur n'a point de part. Ceux-ci ne dissimulent pas leur impatience, l'ennui que leur inflige l'inévitable corvée, leur désir de l'expédier au plus vite... « Mon Dieu, que cette messe est longue! Et ce défilé autour du catafalque! Si je pouvais, du moins, prendre par le plus court! La route est barrée. Allons! suivons la file....