Extrait du journal

CHAQUE année, M. Philippe-Emmanuel Glaser réunit en volume ses causeries bibliographiques du Figaro et demande à un confrère illustre de les présenter au public. Le « préfacier » rend hommage à l'intégrité, à l'effort de compréhension, à la finesse de jugement du critique; puis, il développe quelques idées générales se rapportant à son sujet, c'est-à-dire au mouvement littéraire. Tout évolue en ce monde, la littérature aussi bien que le commerce, l'industrie, la science, les formes diverses de l'activité humaine. Il y a des courants qui se forment, des modes qui se créent, fleurissent et meurent, d'autres qui les remplacent et ont le même sort. La plupart de ces engouements sont éphémères. Peu de goûts sont durables. L'opinion se détache assez rapidement de ce qu'elle a préféré; parfois, après une période d'infidélité, elle y retient. Les Romantiques traitèrent Racine de polisson; Racine prit bientôt sa revanche; il devint l'objet d'un culte, tandis que ses ennemis étaient vilipendés et raillés. . Maintenant, la postérité, plus équitable, les réunit dans une estime commune. Racine a toujours ses adorateurs; le Romantisme, que l'on croyait défunt, tend à renaître. Le public aimé la sobriété, la simplicité, la précision de l'analyse alliée à la pureté du style; mais il ne hait pas l'éloquence, la couleur, la recherche du précieux et du rare. Il admire la pensée limpide, la langue dépouillée d'un France ou d'un Lemaître; il savoure les raffinements d'analyse et d'expression d'Henry...