Extrait du journal

Force est demeurée à la loi; mais ce n'a pas été sans une nouvelle effusion de sang. Les révoltés avaient retiré de prison et mis à leur tête un officier connu pour ses idées révolutionnaires : le lieutenant Schmidt. Ils l'avaient proclamé amiral de la flotte dissidente, et celui-ci s'était empressé de hisser son pavillon sur YOchakoff, le principal des navires rebelles. L'ancien Potemkin et quatre torpilleurs faisaient cause commune avec lui. Il croyait, ces derniers navires en mesure de combattre, alors que quelques équipages seulement étaient armés et les canons dépourvus de culasse. Dans ces conditions, la lutte ne pouvait que tourner rapidement à son désavantage. Et, en effet, à peine l'Otchakoff avait-il appuyé le drapeau rouge d'un coup de canon et ouvert le feu sur les navires demeurés fidèles : le Teretz, le Rôssilaf, le Kapitan-Saken, etc., que les batteries de la côte coulaient les petits vaisseaux qui l'escortaient; et l'obligeaient lui-même à capituler. Le lieutenant Schmidt essaya de fuir sous un déguisement; mais il fut reconnu et tout porte à croire qu'il est, aujourd'hui, passé par les armes. A terre, les choses ne tournèrent pas mieux pour les rebelles: le régiment de Brest-Litoffsky enleva d'assaut, pendant lanuit, les casernes où ils s'étaient retranchés, et, le lendemain, le général Kaulbars pouvait annoncer à Saint-Pétersbourg que tout était terminé....