Extrait du journal

CETTE nouvelle a éclaté comme un coup de foudre: « Le Comité de lecture est rétabli » Ceux de mes lecteurs qui habitent la province ne se doutent pas de l'importance de ces (événements parisiens. Paris est une potinière; on y clabaude autant que dans les petites villes. Et, en effet, Paris se compose d'une agglomération de petites villes juxtaposées. Il y a la ville des académies, la ville des, tribunaux, la ville des arts, la ville des lettres, la ville de la finance, la ville des snobs. Chacune d'elles est animée d'une vie propre. Mais elles possèdent des goûts communs. Elles ont toutes la passion; de la Comédie-Française. Dès qu'il est question de la Maison (par un grand M), la curiosité et la sympathie s'allument... Si M. Le Bargy donne — pour la vingtième fois — sa démission, si M. de Féraudy réfuse un rôle, si quelque poète aigri invective l'administrateur général, ce sont des clameurs, des polémiques à perte de vue; on ne s'entretient que de cela sur le boulevard, dans les cafés, dans les salons, chez les ambassadeurs et chez les simples bourgeois. Lorsque le Comité de lecture fut supprimé en 1901, il sembla qu'une catastrophe s'abattait sur la France; une calamité publique eût fait couler moins d'encre, soulevé moins de fureurs....