Extrait du journal

PARIS a pleuré sincèrement le roi Edouard VII. Les Parisiens vouaient à ce souverain la sympathie que l'on ressent pour les gens dont on se sait aimé. Il y a un peu d'égoïsme dans cette tendresse, et aussi un peu de gratitude. Le coeur d'Edouard nous appartenait: il nous l'avait donné dès son premier voyage; en 1855, ses quinze ans étaient fêtés à la Cour des Tuileries; l'impiératrice, ses dames d'honneur, proclamaient charmant le jeune prince; chaque visite nouvelle était l'occasion d'un nouveau succès. Il en prit l'habitude... Il fut, d'une façon continue, notre hôte. Il adopta Paris, Paris l'adopta. Le Prinz of Walls devint chez nous fameux comme l'avaient été lord Seymour et Gramont-Caderousse. Il donnait le ton; on copiait ses gilets et ses cravates, on citait ses mots ; on savourait son humour; on admirait sa simplicité affable et galante. Je me rappelle que, vers 1880, les journaux racontaient qu'il était allé boire du champagne dans la loge de Mme Judic aux Variétés, sans que sa dignité eût à souffrir de cette aimable condescendance. Même quand il s'amusait, il gardait son rang; il avait de la race, et du tact, cette qualité suprême, fruit de l'éducation et de la nature, instinct secret aussi précieux — et plus rare — que l'intelligence. Le prince de Galles possédait, au plus haut degré, ce don précieux; il ne " gaffait » point; il fut, durant toute sa vie, the right man in the right place et s'adapta avec souplesse aux circonstances, aux événements, aux nécessités successives de son rôle. Sur le trône, c'était toujours et ce n'était plus tout à fait le prince ; il gardait sa bonho-...