Extrait du journal

notre époque. Autrefois, il y a seulement quarante ou cinquante ans, elle n'aurait pu se produire. Pour que les escroqueries du sieur Thomas fussent possibles, il a fallu le développement d'un snobisme bien moderne: la folie du (bibelot. Car telle est l'origine de l'affaire. Si les objets d'art n'excitaient pas une convoitise passionnée, jamais on n'eût songé à se les procurer par des moyens criminels. Et si les amateurs ne se les disputaient à prix d'or, Thomas n'aurait pas pu user, pour s'en emparer, des ingénieux subterfuges qui vont le conduire en police correctionnelle. Car il n'agissait pas seul, et ses complices voulaient, comme lui, gagner beaucoup d'argent. C'étaient, d'une part, les marchands qui revendaient fort cher les chefs-d'oeuvre dérobés; et, d'autre part, les fabricants — -de véritables artistes — qui en faisaient la copie. Thomas employait le truc d'Aladin. Il disait aux sacristains et aux bedeaux de nos cathédrales:...