Extrait du journal

dents. Les Lettres et les Sciences sont des soeurs, non toujours des soeurs amies. Remontez jusqu'aux années de collège... Souvenez-vous... N'apercevez-vous pas deux groupes d'élèves, ceux qui cultivent les mathématiques avec plaisir et succès, ceux qui s'y montrent résolument réfractaires? Je me rappelle que nous étions quelques-uns, âgés de douze à quinze ans, et passionnément épris de littérature. Nous mettions une double coquetterie à tenir la tête ou la queue de la classe, selon qu'il y avait à faire un discours ou à résoudre un problème. La suprême élégance, les jours de composition, consistait à être le premier en français et le dernier en géométrie... Paradoxale niaiserie, juvénile absurdité !... Tirer vanité de son ignorance est, à coup sûr, le comble de la sottise. Nous aurions dû en gémir. Mais nous étions convaincus que, sauf quelques génies rares, capables d'embrasser la totalité des connaissances humaines, la plupart des hommes ne pouvaient s'en assimiler qu'une partie... D où nécessité de la spécialisation. Il arriva, dans...