Extrait du journal

HISTOIRE D UN PORTRAIT CHAPITRE PREMIER. M. de Nortal. Lorsque j’étudiais le droit à Paris , mon père ,:me sa chant exposé à tous les orages qui ne manquent jamais de gronder sur la tête et dans, Je cœur d’un jeune homme de dix-huit ans, m’avait recommandé aux soins d’un de ses amis, le chevalier de Nortal ; ce gentilhomme était d’un caractère ferme, d’un esprit éclairé, d’un grand ju gement et d?un grand savoir. Il habitait rue de Babylone , dans un hôlel que lui avait légué son père; moi , je logeais rue des CordiersSorbonne, et.cependant,je ne manquais jamais d’aller le dimanche dîner chez lui. Il fallait que je fusse malade pour ne pas me rendre chez le chevalier. M. de Nortal recevait peu de monde , mais il fallait certaines conditions pour être admis dans son intimité. La société qui se rassemblait dans son hôtel se com posait de savants , de philosophes et de nobles dévoués à la famille royale exilée. Un jeune homme, de mon âge surtout, ne devait pas trouver de grandes distractions à ces soirées ; pourtant je n’oublierai jamais les heures que j’ai passées à discuter sur la politique et sur l’histoire. Souvent il me revient en mémoire des anecdotes fort intéressantes que j’ai entendu raconter par des gens qui en avaient été les témoins ; les unes étaient d’un dramati que saisissant, les autres d’une poésie triste.et douce/Ces anecdotes sont d’ailleurs pour moi des souvenirs de jeu nesse , et de tels souvenirs sont des fleurs iqui répandent un parfum plus suave au fur et à mesure que l’on avance dans la vie. L'ameublement de l’hôtel du chevalier était d’une riche élégance. Il n’y avait aucun de ces meubles à !a mode de...