Extrait du journal
que nous venons de reproduire ne laisse rien subsister de cette rumeur. La gauche a cepen dant renoncé à l’intention de demander que la commission de permanence soit nommée dans les bureaux ; elle donnera son assentiment au mode ordinaire de votation. Ce n’est que demain jeudi , pense-t-on , que la commission des vacances sera élue. Ou croit que, pendant toute la durée de la prorogation de la Chambre, M. le maréchal de Mac-Mahon fixera sa résidence officielle à Paris, au palais de l’Elysée. Différentes réceptions auraient lieu chaque semaine, où l’armée, la diplomatie, la magistrature, la finance, le com merce et les arts seraient conviés tour à tour. On ajoute que, pendant une huitaine de jours, le maréchal se propose de faire une courte excur sion dans ses propriétés, près d’Autun, où il se rendrait tout à fait incognito, avec Mœc la duchesse «le Megenta et ses enfants. Le Français annonce que « le ministère de l’intérieur prépare un nouveau mouvement dans le personnel de l’administration départe mentale, et que ce mouvement paraîtra au Journal officiel dans les premiers jours de la semaine prochaine. » Nos renseignements par ticuliers confirment l’exactitude de cette nou velle qui prouve, tout à la fois, avec quelle cir conspection, avec quelle maturité, mais aussi avec tjuelle persévérante énergie le Gouverne ment poursuit l’œuvre si délicate, mais si nécessaire, de la réorganisation de l’administra tion. Ce qu’on nous apprend de l’Espagne est navrant. A Alcoy, les nouvelles couches socia les ont envahi l’ayuntamiento ou hôtel de ville. Des sauvages ont dépouillé de leurs vêlements l’alcade, les membres de la junte et dix-neuf gardes civils qui s’y trouvaient réunis. Ils ont amené ainsi un à un tous ces malheureux sur le balcon du municipal, devant lequel la foule hur lait. A chaque victime : « Le voulez-vous mort ou vivant ? » criaient les bourreaux. Et, selon la réponse des nouvelles couches sociales, on pré cipitait le conseiller ou le soldat du haut du balcon, vivant ou poignardé. Toute la canaille de la place dépeçait ensuite leurs cadavres et en traînait les morceaux à des crocs par la ville. Un des membres de la junte, du nom de Carmelo Garcia, a été plongé dans un bain de pétrole et brûlé vif. Un autre prisonnier, chef «le la garde civile, grade qui correspond à celui de capitaine de gendarmerie, a ôté décapité sur le balcon. Sa tète a été creusée et ajustée au bout d’un bâton, eu forme de pipe. Après ces nou veaux massacres de l’Abbaye, les nouvelles couches sociales ont mis le leu à Vnyuntamicnto et à quarante autres édifices ou maisons, notam ment à une filature importante de colon, appartenant à don Anselmo Aracil, ancien ouvrier, réputé, comme nous l’avons dit, pour ses sentiments républicains. Puis elles ont mis à sac cinq cents habitations particulières et incarcéré soixante-dix prêtres ou femmes, à qui l’entrée «lu général Velarde dans Alcoy a épargné la mort. Les feuilles radicales de France ne pouvant nier les faits se résignent à les faire connaître et à les flétrir à leur tour. « Un vent de malheur, souille sur l’Espagne, dit VAvenir national. Les nouvelles qui en arrivent sont des plus navrantes. Un journal espagnol, el Tiempo, donne un épouvantable récit d’actes sauvages qui auraient été commis à Alcoy, ville industrielle entre Alicante et Valence. Si l’on en croit ce journal, les insurgés se sont emparés de l’hôtel de ville et des conseillers qui s’y trouvaient réunis. Ces conseillers ont été mis à mort et précipités du balcon de l’hôtel de ville. Pour chacun, les meurtriers demandaient à la foule s’il fallait le lui livrer mort ou vivant. Un de ces conseillers aurait été plongé dans un bain de pétrole et brûlé ensuite. Dix-neuf gardes civils auraient été massacrés. L’hôtel de ville, «les fabriques et des maisons ont été incendiés. Parmi les victimes, la plupart, sinon tous, étaient des républicains. Je passe les détails horribles qui soulèvent le cœur de dégoût autant...
À propos
Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.
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