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L’Hermine, 6 octobre 1848

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L’Hermine
6 octobre 1848


Extrait du journal

Hcqnêtc nationale aux ConuclU généraux. Conseils généraux, voici votre session ouverte : tous les re gards qui se tenaient fixés avec une tristesse de plus en plus grande sur une autre assemblée, se sont aussitôt détournés d’elle pour se reporter sur vous. Jamais ta France n’eut plus besoin de l’intervention des conseils généraux, qui peuvent tant aujourd’hui pour son salut 1 N'oubliez pas que vous êtes l’expression calme et réfléchie de la dernière émanation de la souveraineté nationale. N'oubliez pas que vous êtes aujourd’hui ni plus ni moins que la représentation générale, la voix de chacune des grandes fractions t ola France, voix s’élevant au nom de tous, et qui veut et doit être entendue. N’oubliez pas aussi combien elle s’est accrue, la grandeur de votre mission, par l’effet tout-puissant de ce nouveau mode de délégation souveraine, de celte extension presque sans bornes, du mandat de confiance remis à votre haute sagesse , à votre courageux dévouement. Le souvenir des catastrophes auxquelles n’est qu’à demiécbappée encore notre pauvre France, toujours penchée sur le bord d'un abîme ; La vue de toutes les souffrances sociales , de toutes les mi sères publiques, qui ne font, hélas ! que grandir; Les profondes appréhensions l’irritation et la défiance du pays, en voyant déjà l’audacieuse main du despotisme, sous la forme dictatoriale, poser des limites à nos droits de souve raineté ; Tout, en un mot, vous impose de nouveaux devoirs plus grands et plus élevés que jamais! Rassemblez donc toutes vos forces , toute votre énergie , toutes vos lumières. En des circonstances aussi graves , ne cédez rien de vos droits qui sont les nôtres, et allez, la main sur la conscience et sur le cœur, dire toute la vérité à ce pouvoir nouveau qui, tout-à-coup, s’est vu élevé à une si grande hauteur qu’il en a le vertige, et qui, de plus en plus égaré par ses illusions et son aveuglement, n’aperçoit plus, ou ne veut pas apercevoir au-dessous de lui, au fond de la situation actuelle, la triste réalité des choses, de ce point de vue éblouissant et trompeur! Cette réalité si douloureuse et si effrayante , vous l’avez trop approfondie, vous la déplorez trop amèrement, membres éclairés et consciencieux de nos conseils, pour que nous ne soyons pas assurés d’avance que vous saurez en faire au pou voir le tableau le plus saisissant , présenté sous sou a-pcct le plus vrai et avec toutes ses sombres couleurs. Là-haut, comme ici-bas, dans nos villes si profondément altérées, on a compris toute la portée de vos vœux, toute la gravité de vos remontrances, tout le poids de votre influence, toute l’étendue de votre pouvoir, et c’est pour cela que l’on a eu peur de vous. Les conseils généraux comprendront à leur tour que 1 intérêt général et leur propre dignité leur commandent de résister à toutes les injonctions ministérielles, à toutes les instances préfectorales, tendant à leur enlever toute leur importance,en les forçant à se renfermer dans le cercle le plus étroit de leurs attributions, au moment même où ils sont appelés, par la gra vité des circonstances les plus exceptionnelles, à exercer toute la plénitude de leurs prérogatives souveraines. Ils ont senti déjà que le pouvoir a commis envers eux un grave attentat, en s'efforçant d'étouffer leur voix , et en cher chant à leur imposer , par tous les moyens possibles , même par la vote de intimidation, le rôle presque ridicule , comme le disait hier ul <1. nos honorables amis, de simples réparti teurs d'impôts. Le conseil de la Loire-Inférieure a commencé dignement, à remplir ses devoirs en décidant à l’unanimité, eu dépit...

À propos

Fondé en 1837 à Nantes, L’Hermine était un quotidien monarchiste légitimiste dirigé par Jacques Crétineau-Joly. Il disparaît en 1850.

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Données de classification
  • de quatrebarbes
  • france
  • nantes
  • paris
  • angers
  • bretagne
  • loire
  • la république
  • l'assemblée