Extrait du journal

Nantes, Vendredi 18 Juillet 1845. Nous lisons dans notre correspondance particulière : « Le voyage à Constantinople du grand-duc Constantin, second fils de l’empereur Nicolas, ayant appelé l’attention publique sur ce prince, on ne sera pas fâché, sans doute, d’étre instruit des particularités qui le concernent. Le grand-duc Constantin est âgé de 18 ans ; il ressemble beaucoup à son père au physique, mais il lui est au moins égal par l’esprit et par les connaissances. Avant son départ, il a dû subir un examen où tous les ministres cl plusieurs ambassadeurs ont assisté, sous lia présidence du czar. Une foule de ques tions ont été posées au jeune prince, et l’empereur ne s’en est pas fait faute en histoire. Le grand-duc eût à répondre sur les croisades et sur les réforma ions. Comme il avait entrepris l’analyse de ces deux époques, l’empereur l’in terrompit plusieurs fois, en lui disant comme à l’exercice : —En français, en allemand, en russe. Et chaque fois le prince obéissait au commandement, sans broncher et sans perdre le fil de ses idées. Quand il eut fini, l’empereur lui demanda brusquement ce qui se passait aux Indes pendant la ré forma tion. L’élève impérial, à la grande surprise de l’auditoire , qui, du reste, eût été fort en peine peut-être pour vérifier Vexacliude des assertions, parla fort nettement sur ce nouveau sujet. Après l’histoire, vint l’examen des sciences par excellence, la politique et la diplomatie. Le grand-duc parla longtemps et bien sur ces divers sujets. Le czar l’écouta, sans l'interrompre, au milieu de l'admiration de toute sa cour. Puis, quand son fils eut fini, il lui frappa gravement sur l’épaule, en lui disant : — La meilleure diplomatie est uuc bonne armée....