Extrait du journal

Elle regarda autour d’elle, surprise de se trouver pendant le jour sur son lit, tout habillée. Un rayon de soleil éclairait la chambre, jetant sur toutes choses sa couleur d’or, une gaieté. Elle éprouvait une résistance à soulever ses paupières ; elle avait au front une lourdeur de plomb et il lui semblait que ses membres, par des attaches invisibles, étaient retenus sur sa couche. Une pensée subite la secoua. Elle eut un appel i — Ferdinand ! L’enfant qui venait la trouver au lit le matin, ne répondant, pas, elle se laissa glisser et se trouva debout. Son regard resta un instant fixe sur le petit lit vide ; puis elle jeta un cri terrible en se préci pitant. Lés traces du corps de l’enfant étaient visibles, la couverture tombée annonçait un lever, mais la couche était froide, il y avait longtemps déjà qu’elle se trouvait déserte. La mère regarda alors autour d’elle d’une façon hagarde. Elle ne comprenait a3 bien; Dans son souvenir, il y avait es ombres qu’elle s’offorçait de chasser, des ténèbres de brouillard à travers les quelles elle osait à peine avancer dans la crainte de s’y perdre ou de les voir s’é paissir. Elle murmura; — Est-ce que je rêve? Ce jour plein et clair, ces vêtements de la veille qu’elle n’avait pas quittés, c’é tait si étrange qu’elle pouvait bien dou ter. On ne croit pas tout de suite au malheur qui frappe subitement, pas même à la mort qu’on a sous les yeux....