Extrait du journal
Réfugiés..,. Ceux de F Aisne et de la Marne au Sémi naire de Saint-Sulpiee Paris a vu passer, ces deux derniers jours, Je long de Bes grandes artères, les camions chargés de. pauvres êtres san^ coiffure, pressés les uns contre les autres, le visage défait, tenant serré contre eux un enfant apeuré auprès d’un mince- pa quet, tristes et résignés, les réfugiés. Ils sont partis en hâte, surpris par les pre miers abus ou bien par les vagues de lu bataille : ils n’ont pas eu le temps do pré parer un bagage m d’emporter un repas ; sous la rafale des obus, devant la bataille, qui venait à eux, ils sont partis. Depuis deux ou trois jours, ils arrivent. Les trains de l’est les abandonnent sur les quais de la gare, et aussitôt ils sont en tourés par la foule anxieuse : ils parlent peu ; ils ne savent rien Leur fuite a été si précipitée ! ils n’ont pas compris encore le danger si soudain. Mais les dames de la Croix-Rouge et des hommes dévoués, envoyés par les œuvres ; de guerre, les acheminent lentement hors de la gare où les attendent des voitures américaines. Ceux qui ont des parents à Paris sont confiés aux leurs. Les autres ne feront que traverser la ville. ' Vite, on les conduit place Saint-Sulpice, à l’œuvre du secours de guerre, installé.; en l’ancien séminaire. Il y aura là le pain et le gîte pour tous ; à quelque heure qu’ils . arrivent, lès réfugiés sont d’abord conviés à un repas ; puis on s’inquiète de complé ter leur habillement, souvent insuffisant.. Songez donc 1 Ils ont pris parfois le der nier train, au moment où. les premiers uhlans cernaient le village ! et combien de pauvres vieux sont restés derrière eux 1 . Ailleurs, ils ont fui droit devant eux, poussant une vache ou une brouette, étonnés par un danger qu’ils n’avaient que trop - connu déjà, mais auquel ils ne croyaient plus. Parmi ceux qui reviennent, quelques-uns n’avaient rejoint leurs terres que depuis quelques mois ; ils avaient tout remis en ordre. Les jardins étaient sar clés ; les foins renaissaient, et déjà la moisson s’annonçait belle, à la faveur du soleil... Ils gardent dans le regard un re flet anxieux. ^ Mais le matin, d’autres voitures viennent chercher, au séminaire Saint-Sulpice, après un dernier repas, les braves réfu giés. Sans un mot de plainte, tout d« même bien las, ils sé laissent emmener vers les gares de Bretagne, du Midi, ou du Centre. Des hommes de bonne volonté les conduisirent jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un gîte. Ce sera parfois assez long ! Les villes de province ont reçu déjà l’affluence des Parisiens et des derniers réfugiés : ceux de là Somme ; on trouvera des abris pour tous, mais hélas I tout n’a pas été prévu, et les pérégrinations des malheu reux évacués risquent d’être longues. ,...
À propos
Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.
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