Extrait du journal

J'ai eu l'honneur de représenter La Revue des Deux-Mondes aux funérailles du roi des Belges. Je n'ai pas souvenir d'un spectacle plus émouvant, plus grandiose. C'était tout un pçuple uni dans l'amour et la douleur. Peu de police une discipline naturelle et consentie qui respectait les consignes et les barrières une foule émue et aimable où l'on sentait circuler cette fraternité naturelle qui émane de la certitude d'un même sentiment dans tous les coeurs. Et pourtant. quelle ardeur à la conquête de quelque place avantageuse d'où l'on verrait mieux défiler le cortège funèbre Chacun voulait emporter une dernière image du roi bien-aimé. Qu'elle était loin la « lutte des classes des doctrinaires socialistes Tous vibraient à l'unisson Et ce fut, le lendemain, le même frisson unanime sur le passage, à travers la ville de Bruxelles, de l'élégant cavalier qui allait devenir Léopold III. La Belgique, depuis qu'elle a conquis son indépendance avec l'aide de la diplomatie et des armes de la France, à eu la bonne fortune de trouver pour la gouverner, trois souverains de premier ordre. Ds n'étaient pas, pourtant des princes nationaux, mais des étrangers, d'une dynastie allemande, des S-uce-Cobourg-Gotha. Us se donnèrent a la Belgique et la Belgique se donna A eux. Léopold lei' fit accepter par l'Europe l'indépendance de la Belgique et sa neutralité il en fit le fondement même de l'ordre européen il maintint, avec un haut esprit de justice, la balance égale, dans son pays d'adoption, entre les influences anglaise, allemande, française, hollandaise. H donna la Belgique le sentiment de sa personnalité nationale....