Extrait du journal

Une tradition est en voie de s'établir qui ajoutera à la beauté morale de notre France victorieuse c'est la fête des Poilus (le mot, décidément, est entré dans la langue). Il ne sera bientôt plus de ville ou de village qui n'ait célébré ses fils glorieux, les morts et les vivants. La part des morts est la plus grande et la plus belle. Si, partout, la fête finit par des chansons et des danses, partout elle s'est ouverte par un service funèbre. Et si les rires s'éteignent quand sonne minuit, la méditation commencée le matin, à l'église, se prolonge bien nu delà de la journée; elle ne subit pas, elle, les limites du temps. Il est juste, il est naturel que ceux qui ont souffert, nour la libération de la Patrie, la fatigue, la faim, les périls et le supplice des tranchées, reçoivent solennellement le tribut d'hommages des populations qu'ils ont sauvées. Il est juste, il est naturel que le souvenir de ceux qui ont quitté le plaisir de vivre pour que nous ne devenions pas les serviteurs, les esclaves de l'Empire allemand, des savants allemands, des industriels allemands, des chefs de la Sozial-Demokratie allemande, alimente le besoin de vénération que chacun porte en soi....