Extrait du journal
Mademoiselle de la Ferté.. sort du couvent à quinze ans pour apprendre que son père est mort, et qu'il l'a iuinee. Elle prend aussitôt le gouvernement d'une maison à l'abandon,1 sauve les épaves de sa fortune, et retirée au fond du pays landais, dans une métairie moisie au milieu des marais, elle n'attend plus rien que de sa propre vollonté. Son cousin, qui est fort riche, vient chasser dans son voisinage. En quelques jours, elle l'a complètement subjugué, conquis. Mais la famille du jeune homme l'éloigne d'elle. Il se marie, aux Antilles, à une belle créole anglaise, puis il meurt. La jeune veuve, malade de phtisie, vient s'établir dans la propriété voisine de la métairie où Anne de la Ferté vit, orgueilleuse et cachée. Anne s'empare du cœur de la jolie veuve, comme elle avait fait de celui du mari, grâce au pouvoir singulier de séduction dominatrice qui est en elle. En se donnant l'air de la- soigner avec un dévoûmeiit de sainte, elle attise en elle la flamme dévoratrice, elle l'aide à mourir. Et ayant hérité de toute sa fortune, elle saisit cette arme, rend le mal pour le mal, et mine implacablement ceux qui l'ont spolie du bonheur. l'nis, vieillit, impénétrable et muette, charitable sans bonté, pieuse sans religion, contente peut-être dans sa cruauté tranquille. Si la vengeance, mangée froide, est un plat digue des dieux, certes. Anne de la s'est servie d'un bel appétit, et savamment rassasiée. Après ne cette Furie provinciale, brùlante et glacée, à la voix unie, aux gestes calmes, toujours vêtue de sa mince robe noire, la Camille ruaiai-ne et Lucrèce Borgia ne sont que des petites femmes nerveuses Elles ne dérhirent. qu'avec leurs ongles. Anne de la Fert'é a des griffes de sphing?. Avec quelle obstination secrète, quel mlchiavélisme effrayant elle consacre toute sa vie aux soins d'une. longue haine On frissonne d'nne horreur qui n'est point sans volupté à la voir aller et venir, faire tout ce qu'il faut, toujours allant à son but, sans bruit, sans erreurs, belle et insensible, douce et féroce, jeune et plus froide qite les .morts C'est un étrange roman que ce roman presque sans. hommes et où il. serait d'ailleurs préférable qu'ils eussent un rôle plus actif et notamment celui qui est de leur naturel emploi. A la surface, l'aspect de la vie la plus unie et la plus ordinaire une malade, et une parente dévouée qui s'est tonte consacrée la soigner, il la distraire, it la veiller une vieille maison familial-?, pauvre et décente, au fond de la campagne où dans l'ombre humide on sent ramper des vies dotri on devine la présence et dont on ne sent. qu'à peine le contact furtif. Balzac n'a rien t:t.it de plus fort mais il faut reconnaître qu'il fait plus t'rai. Eugénie Grandet, dont Anne de la Ferté semble un? réplique moderne; est d'une vetité autrement humaine et générale. A quoi M. Pierre Benoit répondra avec raison qu on ne saurait lni faire grlrf de n'être né que le second.. M. François Menez,...
À propos
Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.
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