Extrait du journal

On comprendrait, certes, que ceux qui ne partagent pas les vues des hommes au pouvoir sur la conduite de notre diplomatie expriment des réserves et s'efforcent, s'ils ont des craintes, d'obtenir des apaisements. Point n'est besoin pour cela de batailler sur la place publique. Le Parlement est le lieu naturel des explications que l'opposition a le droit d'exiger du gouvernement. Ainsi font nos amis anglais. Quelle qu'ait été la différence des conceptions entre le président du Conseil, M. Neville Chamberlain, et son ancien collaborateur, M. Eden, celui-ci on l'a vu ces jours derniers n'engage pas dans le pays une campagne contre le Cabinet, mais se borne à confronter, dans un débat dépouillé de toutes préoccupations partisanes, ses thèses et celles du gouvernement. Que ne fait on point chez nous de la sorte Il est profondément regrettable que des journaux français ou des personnalités importantes de la politique française écrivent ou parlent sans se préoccuper de savoir s'ils contrecarrent l'action diplomatique de la France. A lire certains articles, certains discours comme celui prononcé dimanche à Vienne par M. Pierre-Etienne Flandin, on en arriverait à conclure que tout le trouble dont souffre l'Europe provient de la France, que les attentats perpétrés contre la paix sont le fait de nos gouvernements, que nous sommes les grands provocateurs du continent. Dans leur zèle à condamner la diplomatie française, ces implacables censeurs expliquent, au point de les justifier devant l'opinion internationale, tous les actes de nos adversaires. Et leur argumentation est utilisée à l'étranger avec tant de soin qu'ils doivent en éprouver parfois une espèce de gène et des scrupules de conscience. Cependant, ils continuent....