Extrait du journal

L'esprit de chimère du socialisme international aura été décidément pour l'Allemagne un précieux auxiliaire. C'est à lui que la France doit, pour une grande part, au cours des quinze ou vingt années qui ont précédé la conflagration européenne, l'insuffisance de sa préparation militaire. C'est sous son influence que se forma peu à peu, non pas seulement dans les milieux populaires, mais dans nos assemblées républicaines et chez quelques-uns de nos hommes politiques les plus en vue, l'opinion que le cycle historique des grandes guerres nationales était à jamais fermé. Jusqu'au coup de tonnerre d'Agadir en 1911, et malgré le nuage avertisseur de Tanger en 1905, cette croyance à la perpétuité de la paix a dominé toute la politique française. On s'était imaginé que la solidarité du prolétariat universel et les intérêts entremêlés de la finance cosmopolite excluaient la possibilité des conflits armés. L'Internationale rouge et l'Internationale jaune étaient les deux garants de la foi pacifiste. Nous étions quelques-uns qui protestions contre ces folies. Nous rappelions qu'avant 1870, les mêmes illusions, le même humanitarisme, le même mysticisme révolutionnaire avaient sérieusement compromis l'organisation de la défense nationale et qu'aux partis avances de ce temps-là, le maréchal Niel avait jeté cette mémorable et sinistre prophétie « Vous voulez donc faire de la France un immense cimetière n Mais nos voix trop faibles se perdaient dans le tumulte des expulsions de bonnes soeurs et des discours de M. Jaurès....