Extrait du journal

Comme un chacun s'y attendait, la rentrée a été abordante en sixième dans les lycées et dans les collèges de l'Etat. Que la gratuité n'y soit pour rien, il serait plus que paradoxal de le soutenir. Mais la gratuité explique t elle seule cette crue ? Les enfants qui viennent d'entrer en sixième ont en général li ans. (C'est l'âge moyen de la classe.) Ils sont nés en 1920. Or, tout de suite après la guerre, la natalité a sensiblement remonté. Qui ne s'en souvient. On a même pu espérer que la France allait voir sa population augmenter sérieusement, grâce à une augmentation durable des naissances françaises. Il n'en a rien été dès 1922 ou 1923, la marge entre les naissances et les décès est redevenue très Insuffisante, presque nulle. Mais 11 est vraisemblable qu'il tient en partie aux nombreux berceaux de l'année 1920 qu'en ce mois d'octobre 1930 on s'écrase en sixième. (Cette grande probable àeviendra une certitude si, dans les établissements libres de l'instruction secondaire, le même phénomène s'est produit.) On s'écrase. Car, si l'Etat a pressé les parents et les instituteurs de diriger vers les études secondaires les écoliers en âge de les aborder et capables de s'y distinguer, il ne semble pas avoir pensé qu'il faudrait plus de place et plus de professeurs. Dans les lycées de Paris (et il en est de même dans les grands lycées de province), les sixièmes comptent horresco referens non pas quarante, mais cinquante, mais soixante élèves, et plus. Dans les salles faites pour en contenir une trentaine, ils sont serrés comme des sardines à l'huile. C'est antihygiénique. Serait-ce bon au point de vue pédagogique ? Evidemment, non c'est détestable. Les professeurs affligés de cinq ou six dizaines d'élèves ne peuvent pas s'occuper d'eux individuellement. Or, c'est surtout en sixième (et en cinquième, en quatrième encore) que les enfants ont besoin d'être individuellement guidés, alors qu'ils commencent en majorité à étudier le latin, alors que tous les latinistes et les autres ils sont soumis à des méthodes nouvelles, différentes de celles auxquelles les a habitués l'enseignement primaire. Une sixième, une cinquième, une quatrième même ne devraient jamais compter plus d'une vingtaine d'élèves. Nous étions loin de ce maximum avant la gratuité. Aujourd'hui, voilonsnous la face...