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L’Ouest-Éclair, 22 septembre 1940

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L’Ouest-Éclair
22 septembre 1940


Extrait du journal

Tout le monde admet. y compris nos rêveurs encore mal eveillés que le Travail et la Terre nous demeurent seuls, non pas même comme richesses (mot qui n'est plus à notre usage), mais comme moyens de subsistance et instruments d'un meilleur avenir. Chacun pour sa part et tous deux unis, ils nous sauveront immédiatement de la misère, et ultérieurement nous referont une aisance. Seuls, ils permettront de gager, autrement que sur l'or, une monnaie dont les billets circuleront comme une nouvelle sorte de traites, avalisées par l'Etat, du producteur sur le consommateur. A vrai dire, une analyse poussée au delà des apparences ne démontrerait-elle pas qu'aucune monnaie n'a jamais été réellement stable que fondée sur un excédent de production ? Le plus urgent souci des gouvernants qui ont entrepris la restauration de la France est de fournir du travail à nos démobilisés et d'en préparer à nos prisonniers, dès qu'ils seront rendus à l'affection de ceux qui les attendent. A tous ces hommes, le travail est nécessaire pour vivre et pour nous faire vivre. Les «reclasser » dans l'armée pacifique du travail reste une tâche redoutable par ses gigantesques proportions et par les difficultés particulières aux temps que nous vivons. Cependant, résorber le chômage devient, pour notre pays, pour tous les pays d'Europe. grands ou petits, puissants ou faibles, une question de vie ou de mort. Parce qu'aucun Etat n'a plus les moyens d'entretenir des oisifs. Parce que le chômage engendre naturellement le désordre dans les plaies d'un peuple blessé, il fermente comme la gangrène. Jusqu'à présent, le chômage avait toujours été réduit par l'accroissement des fabrications militaires. L'industrie de guerre, en eHet, travaillant en circuit fermé, de l'Etat qui commande à l'Etat qui reçoit et qui paye. était la seule qui n'eût pas besoin de débouchés. Mais, au jour béni de la paix, cette ressource manquera. Les fabrications d'armements, arrêtées, n'offriront plus d'emplois à la main-d'œuvre disponible. Pendant un temps les travaux de reconstruction dernière phase de l'industrie de guerre y suppléeront sans doute. Mais ensuite ?.. Ensuite, ou bien un vaste marché de production organisée et d'echanges rationnels aura été créé en Europe, avec des possibilités d'exportation dans le reste de l'univers, ou bien. l'asphyxie économique nous attend. Que l'on se garde d'oublier qu'il sera aussi indispensable à la vie du pays d'assurer du travail aux cultivateurs rendus à la Terre. qu'aux ouvriers renvoyés à l'Usine, ou aux employés remis à la disposition du Commerce. Il est singulier que, si l'on dit < organisation du travail ». il soit toujours convenu qu'on ne parle que de l'industrie et de la population ouvrière. non de la Terre et de la population rurale. Les travailleurs de la Terre sont cependant des travailleurs comme les autres Nul pacte n'a déshérité les servants de la charrue du renonce des lois collectives faites tu profit des servants de la machine. Le a métier » de la Terre exige, contrairement à une opinion trop répandue, un aussi long apprentissage, un savoir et des aptitudes au moins aussi «spéciaux » que le « métier » d'un grand nombre d'ouvriers, ou même de «spécialistes» de l'industrie....

À propos

Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.

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