Extrait du journal

surtout des demeures Indigènes, descendant, pressées, du sommet de la colline, et s'étendant largement dans la plaine, vers les champs pierreux et la suavité grise des oliviers une nuit extrêmement douce et comme Noël n'en voit pas toujours, même en ces pays méditerranéens mais un peu de froid n'eût empêché sans doute les pasteurs bethléemites, ces humbles que Dieu, à dessein, choisit pour les premiers témoins du Miracle, il ne les eût empêchés de dormir à côté de leurs troupeaux, ou, comme dit saint Luc, de veiller les veilles de la nuit. (A la vérité, nous ne savons quel jour est né le Sauveur et si le 25 décembre, élu au IV' siècle par la liturgie romaine pour fêter le grand événement, répond à la date historique ce détail n'importe pas essentiellement à l'âme croyante, pas plus qu'il n'importa.it à l'Evangéliste et aux premières générations de chrétiens). Nuit d'illusion divine la demi-lumière, le clair-obscur feutré, cachant, poétisant les ilots trop modernes, laissant voir, au sommet, les quartiers plus vieux, plus simplement palestiniens (certains aspects, pris d'ensemble, peuvent évoquer, comme il arrive en Orient, les aspects anciens), enveloppant la campagne, souriante à nos yeux, et qui n'a guère changé, nous attendions. émus, que l'admirable et dormant paysage s'animât par la musique céleste, par la voix des anges et l'appel, doucement triomphal, du Gloria in excelsis. Mais l'émotion suprême, c'est d'entendre la messe de minuit dans la Basilique de la Nativité (ou, si les Grecs y officient, près de la Basilique), le noble sanctuaire qui depuis Constantin enchâsse la grotte divine. Un chrétien médiocre, un indifférent même ne peut se défendre de sentir pareille émotion. Ne commémore-t-on ici le plus grand événement (avec la Résurrection) de l'histoire humaine et qui l'a a transformée à jamais. On comprend qu'il serve de point de départ à notre ère actuelle sans doute, le savant moine Denys le Petit, qui établit cette date au VI' siècle, a-t-il rajeuni la Naissance de quatre ou cinq ans mais voilà qui ne nous importe pas beaucoup plus que le mois et le quantième. Que ne présente pas un visage extérieur qui en soit digne. La grande place (prolongeant la rue centrale de Bethléem). qui marque l'ancien et vaste atrium de la basilique élevée au début du IV' siècle par Constantin, laisse voir une façade dressée à l'ouest, maintenant alourdie, presque aveugle et gâchée par deux énormes contreforts d'&ge récent. L'église est d'ailleurs enserrée entre plusieurs couvents, le grec et l'arménien à droite, celui des Franciscains à gauche, dont l'église Sainte-Catherine s'accole au transept septentrional. On n'entre pas, on se glisse. plutôt par une étroite ouverture, dans le vestibule ou narthex aménagé sous Justinien et une seconde entrée nous conduit dans le grand vaisseau, divisé en cinq nefs par quatre rangées de colonnes, sur lesquelles, au XII* siècle, les Francs ont peint des figures de saints, belles et curieuses les saints normande et nordiques Y tiennent quelque place,...