Extrait du journal

Cuirassés ou sous-marins ? T Telle est dans les milieux maritimes de tous les pays et dans la presse entière, la grande question du jour. Un assiste à la dérivation du couran t qui entraînait naguère toutes les marines à la construction des dreadnouglUs et super-dreadnoughts, considérés alors comme les seuls bâtiments susceptibles d'assurer la maîtrise de la mer. Depuis cette époque, leur étoile a singulièrement pâti, et ce sont les sous-marins qui apparaissent aujourd'hui les seuls bâtiments de l'avenir. A l'appui de cette thèse, on nous rappelle qu'au fur et à mesure du déroulement des opérations de la guerre sur mer, on a vu le sous-marin accomplir tous les genres de missions qu'on demandait autrefois aux seuls bâtiments de surface, réaliser à peu près tous les objectifs d'un navire de guerre, aussi bien dans la défensive que dans l'offensive, réussir à couler, en mer ou au mouillage, des cuirassés, des vapeurs de commet ce et des grands paquebots, parvenir à faire reculer les escadres de blocus à des distances telles que celles-ci perdaient toute leur efncacité, les obliger même, pour se mettre eu sécurité, à s'enfermer dans les rades ou les estuaires, rendre inopérantes toutes les poursuites de l'ennemi dans ses eaux territoriales, inspirer enfin tant de craintes aux bâtiments chargés d'escorter les convois de troupes, qu'il a fallu les remplacer par ne simples destroyers. Ce tableau de la faillite du cuirassé et du triomphe du sous-marin prédits à la veille même de la guerre par l'amiral anglais Sir Percy Scott, M. Olivier Guihéneuc l'avait déjà tracé, vers la fin de 1915, dans son nrre bien connu Dreadnoughts ou Submersibles. Et quand il demandait Qui donc oserait affirmer qu'après la guerre, après la victoire si durement achetée, il sera indifférent d'économiser ou de gaspiller des milliards à la poursuite d'une chimère aussi ruineuse que la construction des dreadnoughts T il posait devant l'opinion une question des plus troublantes....