Extrait du journal

Dans certain article paru en 1915 dans la « Revue de Paris m, sous le titre « Les mentalités », on citait de curieuses paroles de Guillaume il au sujet de la perte d'un bâtiment léger de la flotte allemande, survenue à la suite d'un échouage dans le Grand-Belt, s'il m'en souvient bien. Le souverain déclarait qu'il n'entendait pas reprocher au commandant de cette unité la hardiesse avec laquelle il avait serré de près une côte difficile. Selon lui, les essentielles qualités qu'il convenait de développer chez les officiers et les chefs de la marine impériale étaient l'initiative, l'audace et, sinon le mépris de la responsabilité du moins l'oubli voulu, systématique,' dts conséquences personnelles possibles d'une résolution prise en toute conscience et connaissance de cause. Cette opinion qui, évidemment, devait servir de règle de conduite pour let officiers en même temps que de règle d'appréciation pour leurs juges éventuels, fut vivement commentée en Allemagne et généralement approuvée. On ne pensa pas outrepasser les intentions du « chef suprême de la flotte allemande » en donnant à son éloge de la hardiesse une portée générale qui, cependant, pouvait être contestée car enfin le Kaiser n'avait peut-être pas prétendu que sa déclaration s'appliquât avec la même rigueur à la perte d'un torpilleur et à celle d'une unité de 14.000 tonnes. Ce qu'il y a de certain, c'est que, venue de haut, l'approbation formelle de l'audace et l'absolution anticipée des erreurs que cette faculté ,risque d'entralner chez les plus habiles eurent pour résultat de donner à la marine allemande, pendant la grande guerre, un « allant a et une confiance incomparables dans la lutte contre les forces navales, très supérieures. des Alliés d'Occident....