Extrait du journal
Quand l'Angleterre entra en guerre contre eux, les Allemands supputèrent une révolte des colonies britanniques. Aujourd'hui, encore, ils tentent de fomenter la rébellion dans l'Inde. Nos ennemis manquent singulièrement de psychologie et d'information. Seules la tyrannie, l'oppression provoquent les soulèvements des peuples conquis ou protégés Rien n'est plus éloigné de la tyrannie, c'est-à-dire d'un gouvernement injuste et cruel, que l'impérialisme britannique dans sa conception et dans son application. Considérons ce système tel qu'il se présente à nos yeux. Voici le Royaume-Uni, et les possessions de la Couronne, ou colonies proprement dites puis les grands Protectorats, comme l'Egypte, un Empire en elle-même une grande Dépendance, l'Inde, berceau de la Civilisation, méritant elle aussi l'appellation d'Empire les Dominions ou colonies pourvues d'un self-government Canada, Austrar lie, Nouvelle-Zélande. Des 410 millions de « sujets britanniques •, 44 résident dans le Royaume-Uni. Quant aux autres, 12 millions et demi d'entre eux, tout au plus, sont d'origine européenne 305 millions sont asiatiques et 48 millions africains de races diverses. Ensemble, les sujets britanniques constituent environ un cinquième de la population totale du globe. Chiffre prodigieux Sous quel angle s'est-on placé à Londres pour envisager et mener à bien la tâche de s'assurer la fidélité, mieux, de se concilier les sympathies de ces peuples dont la plupart sont étrangers aux conquérants par la race, les mœurs et la religion 1 Sous l'angle du libéralisme le plus généreux. Non seulement les Anglais se sont gardés d'effacer, chez les peuples conquis ou soumis, les distinctions nationales, mais encore ils se sont efforcés d'amener leurs colonies à se gouverner, de fait, librement. Si l'on cherche des points de comparaison dans l'Histoire, on trouve que l'impérialisme britannique s'est inspiré presque exclusivement des méthodes de l'impérialisme athénien. Les Athéniens désiraient fonder à l'étranger des colonies jouissant d'une autonomie totale ou partielle. Les Romains, eux, avaient pour dessein principal d'acquérir des frontières d'une défense aisée dans toutes les directions et d'incorporer de nouveaux groupes de citoyens. Toutefois, aucun scrupule de conscience n'empêcha les Romains de mettre en pratique dans toute sa rigueur la maxime que Machiavel devait plus tard offrir à la méditation des princes ils s'efforçaient de diviser pour régner. Les Anglais ont paru poursuivre un dessein justement contraire libérer pour unir. Un des plus forts sentiments que la guerre ait soulevés dans le Royaume-Uni est celui de la solidarité impériale. On a vu les Dominions, c'est-à-dire les colonies de race européenne et de gouvernement autonome envoyer. avec l'Inde, plus d'un million d'hommes sur les champs de bataille de l'Empire. Le Canada ù lui seul a fait passer l'Atlantique à plus de 300.000 soldats. De toutes les fractions de l'Empire britannique. les jeunes gens se sont rendus en masse sur les lieux où l'on se bat. Les représentants des Dominions sont venus à Londres pour participer à la fois au Cabinet de guerre et à une nouvelle « conférence impériale visant à la recherche des moyens de consolider et d'organiser l'Empire. Les hommes d'Etat font de grands projets d'union pour son avenir. Mais déjà l'œuvre est en grande partie accomplie. L'esprit de camaraderie né durant cette campagne sur les champs de bataille de l'Europe entre des hommes venus de toutes les parties de l'Empire sera bien plus puissant que tout instrument de gouvernement que nous pourrions fonder à l'avenir. Plus tard, quand nos successeurs considèreront les événements dans leur ensemble, l'on verra l'importance de ces sentiments, devenus le meilleur des soutiens de l'Empire à l'avenir •. Ainsi parlait tout récemment à Lcndres, dans une conférence que présidait son ancien adversaire des champs de bataille du Transvaal, lord French, le général boër Smuts, délégué de l'Afrique du Sud. Spectacle magnifique par son imprévu 1 Il étonne même les Anglais de sens rassis, qui, de leur propre aveu, ne pouvaient s'imaginer avant la guerre qu'ils verraiettf un jour les représentants de toutes les parties de l'Empire siégeant à Downing-Street et discutant toutes les grandes question! attenantes à la guerre et à l'après-guerre avec des préoccupations Identiques et sur lee bases d*tm idéal commun I...
À propos
Fondé en 1899 à Rennes, L’Ouest-Éclair était un quotidien régional français dont l’influence prospérait sur toute la région Bretagne, jusqu’en Vendée. Il sera remplacé par Ouest-France à la Libération, en 1944.
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