Extrait du journal

Rendons-lui justice il a vu clair, et es événements heureux par lesquels «'inaugure la troisième année de la guerre, sont, en grande partie, le résultat de sa politique à la fois résolue et patiente. Déjà, quand il n'était encore que le garde des sceaux de M. Viviani, il avait su comprendre l'extrême importance du •-hamp de bataille oriental. Contre son collègue des affaires étrangères, il affirmait la nécessité de l'envoi d'un corps expéditionnaire à Salonique. Il n'était pas la dupe de cette pernicieuse illusion bulgarophile où se complaisaient alors les gouvernements de l'Entente. Et., d'autre part, malgré l'opinion peut-être un peu trop facilement admise que le front principal de la guerre ne serait jamais lue le front francais, un coup d'oeil plus pénétrant, une vision plus lointaine des possibilités diplomatiques et militaires, le dissuadaient de s'arrêter aux objections d'une fausse prudence qu'alarmait la prétendue excentricité de ce dessein longue échéance. Sans doute songeait'1, dès ce temps-là, qu'à vouloir distinguer un front russe, un front balkanique, un front italien et un front français, l'on s'exposait à diviser et à affaibli l'effort des Alliés et qu'en 'éali'.é, tous ces fronts, si l'on prétendait vaincre, ne devaient en former qu'un seul. On a coutume de dire des hommes d'Etat dont l'action a été féconde et qui ont fondé quelque chose de durable, que .a raison de, leurs succès a été qu'ils « avaient de l'avenir dans l'esprit Telle a été, si je ne me trompe, dans la guerre comme dans la paix, l'une des qualités maîtresses do M. Briand. S'il avait pu, à l'heure opportune, faire prévaloir ses vues, peut-être l'invasion et le martyre de la Serbie eûssent-ils été conjurés. Ce qui est sûr, c'est. que le mal étant fait, M. Briand. devenu président du conseil, a prouvé, en le réparant, l'excellence de sa politique. Aussitôt lue te pouvoir lui en a été donné. nous Vavons vu réaliser progressivement le p'.an qu'il s'était tracé. Son intelligence r.^tte Et déliée, sa volonté douce et tenace, les séductions de son éloquence lui or.t peu à peu rallié les gouvernements de Londres, de Rome et de Pétrograd. Au grand scandale de M. Clemenceau et d'un certain nombre de politiciens de la même école, nous sommes allés à Salonique et nous nous y sommes maintenus. Pendant de longs mois, les troupes franco-anglaises du général Sarrail sont resiées immobiles, et des esprits irréfléchis ont cru pouvoir en conclure qu'elles eussent été plus utiles su." notre front. Mais leur seule présence retenait l'armée bulgare, dans le même moment que nos flottes sauvaient l'armée serbe et que la Roumanie gagnait du temps....