Extrait du journal
Tous ceux qui, comme moi, ont passé de longues semaines à Montceau et y ont assisté aux différentes péripéties de la grève, aux manifestations, aux meetings, aux bagarres, aux formidables mouvements d’une foule su rexcitée, tous ceux qui ont vu l'exaspération de cette foule, sa fureur, sa colère, ses hai nes, tous ceux-là ont pu 'aire une triple cons tatation. C’est, d’abord, que les emportements des grévistes n’avaient rien de spontané, qu’îîs n’étaient que la résultante des provocations incessantes proférées par les commis-voya geurs de la révolution et de la grève et les meneurs locaux, ambitieux de village hantés par des rêves collectivistes et anarchistes. C’est ensuite que, généralement, les véri tables ouvriers, c’est-à-dire les hommes faits, étaient relativement calmes et que les plus acharnés grévistes, ceux qui commet taient les violences, criaient et assommaient, étaient des gamins de treize à vingt ans, jeunes vauriens d’avenir, aux imberbes vi sages de voyous sinistres, à la mine patibu laire, au pantalon à patte d’éléphant, une jeunesse hideuse, repoussante, capable de tout, sauf du bien. C’est enfin que les femmes étaient beau coup plus enragées que les hommes. Les femmes, dans cette grève, auront été le mau vais génie de leurs pères, de leurs maris, de leurs frères et de leurs fils, tant il est vrai que la femme, être impulsif, paquet de nerfs, que ne guide pas la froide raison, ne saurait avoir que des opinions extrêmes, et que, lors qu’elle n’est pas excellente, plie devient im médiatement détestable. Hélas ! à Montceau comme ailleurs, l’homme s’agite et la femme le mène. J’ai vu bien des grèves déjà, mais jamais encore il ne m’avait été donné "de contempler le spectacle que j’ai connu à Montceau de ces femmes, furies et harpies, en proie aux plus extravagantes colères, poussant les hommes aux pires violences, attisant, lorsqu’il sem blait s’éteindre, le feu de la haine, en proie, eût-on dit, à des suggestions maladives et souvent se comportant comme des folles. A Montceau, j’ai compris les tricoteuses de la Révolution, les pétroleuses de la Commune ; toutes proportions gardées, l’emballement, l’enthousiasme, l’inconscience, la passion dé mente étaient les mêmes. Par moments, c’était à donner le vertige. Quiconque a va les femmes monteeliennes à l’œuvre sera,...
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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