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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 12 mars 1900

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Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire
12 mars 1900


Extrait du journal

Les salles basses sont inhabitées et inha bitables. Mansourah, pauvre village de fel lahs, n’a rien qui sollicite la curiosité et bien rares sont les visiteurs qui s'y aventu rent. Si par hasard, un excursionniste bra vant la saleté, veut pénétrer dans la prison de Saint Louis, les naturels de l’endroit le conduisent, à travers un dédale de ruelles, dans la première des salles basses, la seule qui soit d’un accès relativement facile et la lui consent comme étant le cachot du pieux roi. Ils lui montrent même dans un coin, un djoub, espèce de puits qui, à les en croire, était une oubliette et lui racontent même que la sultane Chegger-ed-Dour (Arbre de Perles) craignant que les Croisés ne tentassent de délivrer leur çhef en pénétrant jusqu’à lui par un souterrain creusé à cet effet, avait donné l’ordre, à la première alerte, de jeter Saint Louis dans ce trou obscur et profond. Il paraîtrait, d’après l’historien arabe Makrisi que le sultan Saleli-Ajoub étant mort, l’une de ses femmes, Chegger-ed-Dour, aurait tenu l’événement caché et que c’est elle qui aurait régné en son lieu et place et vaincu Saint Louis. Mais, en réalité, il semble peu probable que le roi ait été enfermé dans cette salle qui était la plus accessible de toutes. Il est plus probable qu’il a dû être emprisonné dans une autre salle, voûtée en forme de cave, située à l’extrémité d’un couloir et à laquelle on n’arrive qu’en se baissant et en se traînant parmi les détritus de toutes sortes. Tel était, du moins, l’avis du duc de Montpensier, fils de Louis-Philippe, qui, en 1840, étant allé visiter Mansourah, se rendit dans la dernière salle, détacha un morceau de pierre de la muraille, l’embrassa et l’emporta précieusement. Tel est aussi l’avis de l’égyptologue Albert Gayet qui a, depuis quinze ans, étudié sur les lieux môme l’itinéraire de la 4e et de la 7® croisades, ainsi que l’emplacement des ba tailles et celui des cimetières où furent enter rés par milliers les compagnons de Jean de Brienne et les compagnons de Saint Louis. C’est précisément M. Albert Gayet qui, au cours d’un récent voyage en France a attiré l’attention sur le triste état de la prison de Saint Louis, que les souvenirs qu’elle évoque devraient rendre si chère et comme sacrée à des Français et à des chrétiens. En recherchant l’emplacement des cimetiè res où les croisés dorment dans la paix du Seigneur, il a bien souvent mis au jour avec des squelettes remarquablement conservés, des armes, des armures, de longues robes or nées d’écussons, des casques, des vêtements de laine et de soie, des harnachements, des baudriers de cuir, des ornements sacerdotaux, des ouvrages do femme et jusqu’à des jouets d’enfants, précieuses reliques des soldats de la foi partis pour arracher le tombeau du Christ aux mains des infidèles et tombés en chemin. Mais il arrive aussi que les fellahs décou vrent des ossuaires, charniers vénérables qui leur sont indiqués par une couche plus épaisse et plus nourrie de cette poussière salpêtrée qu’ils appellent sebach et qui leur sert d’engrais. Alors, ils ont une triple aubaine car ils recueillent le sebach, ramassent, pour les vendre, armes, armures et vêtements, et profanent les ossements des chrétiens, les chrétiens toujours abhorrés, en les jetant au vent. Le Comité qui vient de se constituer se propose d’acheter la prison de Saint-Louis, la seule des maisons actuelles de Mansourah qui soit en pierre, de la déblayer, de l’isoler, de la restaurer et d’y créer à la fois un os suaire où seront réunis les restes des chré tiens que les fouilles amèneront à la lumière et un musée où seront conservés tous les souvenirs des croisades trouvés sur les di vers champs de bataille où la Croix se dressa contre la bannière de l’Islam. Une pareille œuvre est patriotique au pre mier chef ; elle mérite d’être encouragée et il faut espérer que le Gouvernement saura comprendre que son devoir est de lui prêter son concours et son appui. Quelque opinion politique que l’on puisse avoir, les Croisades restent l’un des plus nobles titres de gloire de la France et Saint Louis apparaît comme la plus belle, la plus pure et la plus com plète figure du moyen-âge chevaleresque et croyant. Carl....

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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