Extrait du journal
Limiter <1 un commun accord, les marines de guerre ; faire en sorte qu aucune puissance ne se mette à construire des bateaux plus nombreux, plus gros — et plus coûteux — que ceux du voisin, ce qui obligerait le voisin, tous les voisins, à emboîter le pas, dans une course aux armements de plus en plus intense de plus en plus onéreuse : tel est l’objet de la Conférence qui siège à Londres depuis le 9 décembre dernier. A Washington, en février 1922. un premier accord avait été conclu. Après 1 affreuse lutte de 1914-1918. toutes les nations éprouvaient le besoin de souffler. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, coi,venant de rester à égalité, avaient réussi à établir une hiérarchie assez arbitraire : la flotte japonaise, de plusieurs échelons au-dessous des leurs ; la France et l’Italie tout au bas de i échelle, sur le même échelon. Ces règles ne s appliquaient qu’aux grands cuirassés qui formant la ligne de bataille et aux bâtiments porte-avions. Croiseurs, torpilleurs, sous-marins (autant de sortes d armes dont chacun, dans I armée de mer comme dans l’ar mée de terre, a son rôle propre et sa juste proportion par rapport à l ensemble) : restait à les réglementer à leur tour. C’est ce qu’on voulut faire à Londres en 1930. Mais la France et l’Italie refusèrent de signer ; le traité du 22 avril ne liait que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Japon. Les deux traités expirent à la fin de 1936 : celui de Washington repart pour un nouveau bail si, deux ans avant cette date, personne ne l’a dénancé. Le 24 décembre 1934, il est dénoncé par le Japon, qui n’admet plus la situa tion d infériorité où on l’avait placé. Une nouvelle conférence s’impose. A cette conférence, le Japon arrive avec un programme très net : faire passer tout le monde sous la même toise ; fixer un plafond commun que per sonne ne pourra dépasser ; supprimer les catégories de navires essentiellement laits pour l offensive ; pour ie reste, laisser chaque pays construire le genre de bateaux dont il estime avoir ie plus besoin. Les Etats-Unis s'y opposent, plus ou moins appuyés par la Grande-Bretagne : Ils n’er.tendent pas perdre leur avantage. Au milieu de janvier, le Japon quitte la Conférence. C'est de lui surtout que les Etats-Unis ont peur. S’il se remet à ccnstnrre, les Etats-Unis construiront encore plus. C’est pourquoi il n'est plus question de fixer le nombre de bâtiments, le tonnage total auquel chaque pays aura droit. Ce qu on peut encore essayer de limiter, ce sont les dimensions de chaque genre de bâtiment, le calibre de leur artillerie, tout ce qui fait qu'ils sont plus ou moins pu-ssants, et qu'ils coûtent plu# ou moins cher. Mais les Américains tiennent à ce qui se fait de plus grand et les Anglais ne veulent pas trop !e$ contrarier. La France propose, d’autre part, (l'Italie et la Grande-Bretagne avec elle) que chaque gouvernement fasse connaître plusieurs mois d'avance à tous les autres, son programme de construction peur l’année courante et n’y puisse rien changer sans un avis préalable, ce qui éviterait les surprises, les soupçons, la perpétuelle tentation de distancer les autres, crainte d’être distancé par eux. Limitation de caractéristiques individuelles de chaque type de bâtiment de combat ; échanges d'informations sur Ie$ constructions projetées : voilà donc le plus qu’on puisse attendre désormais de la Conférence de Londres. * * * Ce serait déjà un résultat susceptible d'ai'éger sensiblement la charge des budgets nationaux — à la condition toutefois qu'il soit ratifié par toutes les autres puissances navales, par le Japon en particulier, et aussi par l'Alle magne, si occupée depuis quelque temps à réarmer dans tous les domai nes ; — à la condition surtout, que les engagements pris soient observés par tous avec une égale bonne foi. Ainsi, sur le plan naval comme sur les autres, la collusion plus ou moins avouée de l’Allemagne et du japon reste la redoutable inconnue qui menace la paix et retarde le nécessaire désarmement. Augustin LEGER, professeur à l’Ecole Supérieure de Guerre r.aCale....
À propos
Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.
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