Le mot "dada" a 100 ans
Le 8 février 1916 naissait le mot « dada », inventé à Zurich par Tristan Tzara et Richard Huelsenbeck. Choisi au hasard dans un dictionnaire Larousse, ce sera le nom d'un mouvement artistique qui, pendant la Première guerre mondiale, remettra en cause toutes les conventions esthétiques, politiques et idéologiques.
Après s'être déplacé en Allemagne, le dadaïsme essaime en France : le 17 janvier 1920, Tristan Tzara débarque à Paris où il est accueilli comme le messie par un petit groupe d'artistes locaux. Très vite, les manifestations dadaïstes – soirées, récitations, danses en costumes, lectures de poèmes –, véritables happenings avant l'heure, défrayent la chronique.
Le mouvement suscite presque aussitôt les commentaires narquois ou consternés de la presse parisienne. L'Action française, le 14 février, livre un comte-rendu hyper-critique d'une manifestation dada, tout comme le Figaro le 27 mai (deux jours plus tard, celui-ci se moquera aussi de la Joconde revisitée par Marcel Duchamp, proche du mouvement). Le Gaulois, le 26 avril, assimile les dadaïstes aux bolcheviks, tandis que L’Écho de Paris évoque à leur sujet le « triomphe du Rien ».
Un an plus tard, le mot « dada » est passé dans le langage courant, et L'Action française peut critiquer en une la « politique dada » d'Aristide Briand. Enfin, en 1923, le Figaro annonce sans tristesse la « mort de Dada » (le groupe connaît alors une scission définitive), tandis que le Gaulois du 11 août dresse un bilan lapidaire de ces trois années d'activité parisienne...
Tristan Tzara, de toute façon, n'aimait guère les journalistes, lui qui écrivait en 1917 à Francis Picabia : « Je m'imagine que l'idiotie est partout la même, puisqu'il y a partout des journalistes ».