Écho de presse

Haro sur le freudisme

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 02/01/2017 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Sigmund Freud ; Agence Mondial ; 1932 - Source Gallica BnF

Dans les années 20, la psychanalyse était rarement prise au sérieux par la presse française.

À partir des années 20, la théorie freudienne commence à être bien connue en France. Mais dans la presse, elle est fréquemment contestée, voire tournée en ridicule en tant qu'énième mode intellectuelle. Voici par exemple ce qu'on peut lire dans Le Siècle du 2 août 1922, à l'occasion de la parution en français de L'Introduction à la psychanalyse de Freud :

 

"On a l'impression que certaines interprétations de rêves confinent à la bouffonnerie pure. On demeure stupéfait devant ce pansexualisme qui semble une obsession, et qui, à la conception d'une enfance angélique, fait succéder celle d'une enfance chargée de tous les vices du gorille."

 

Si le journaliste reconnaît toutefois à Freud une certaine "finesse" d'analyse, certains de ses collègues seront beaucoup moins indulgents. Le 22 novembre de la même année, Le Temps écrit ainsi :

 

"Le freudisme, ce sont deux ou trois idées françaises clichées. […] Nulle névrose, selon ceux-ci [les freudistes], qui ne soit d’origine sexuelle. Ils généralisent comme des auteurs dramatiques et des romanciers : quoi d'étonnant qu’ils soient suivis non des savants, mais par tous ceux que ne satisfont plus les mélodrames et les romans ?"

 

En 1924, La Femme de France surenchérit :

 

"Connaissez-vous la psychanalyse ? C'est la mode du jour, le dernier snobisme, l'ultime bateau... […] le mot est rare et difficile à prononcer, il « fait riche » et esprit fort."

 

"Un bobard dangereux", titre L'Action française en 1926 à propos de la psychanalyse, écrivant sous la plume de Léon Daudet :

 

"Freud lui-même paraît atteint de cette vésanie, ou obsession sensuelle et sexuelle, qu'il attribue gratuitement à l'enfance, avec une certitude du plus haut comique. […] Cet abruti – car c'est le seul terme qui lui convienne a découvert, après Kraft-Ebing, ce qu'il appelle la libido."

 

Même chose en 1929 dans La Croix :

 

"Pour donner à leur théorie un air de vraisemblance, les freudistes sont obligés d’admettre que l’instinct sexuel se travestit pour échapper à la vigilance de la « censure », autrement dit au contrôle de la raison. [...] Aussi les freudistes doivent s’ingénier et même s’évertuer pour interpréter le symbolisme du rêve."

 

Controversée dès l'origine, la psychanalyse mettra du temps à accéder à une certaine reconnaissance du corps médical et du public. Elle a aujourd'hui encore ses détracteurs.  

 

 

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