Le linguiste rappelle dans son article que la question de la vie sur la planète rouge agite la communauté scientifique depuis une quinzaine d'années. Le professeur Schiaparelli, de Milan, avait en effet, en 1877 et 1879, observé des « canaux » réguliers à la surface de Mars, déclenchant un vif débat sur la nature artificielle ou naturelle de ces formations – certains, comme l'astronome Camille Flammarion en France, émettant l'hypothèse d'une présence intelligente sur la planète.
Pourtant, en 1894, beaucoup sont sceptiques. C'est le cas du très sérieux journaliste scientifique Henri de Parville, qui écrit en septembre dans Les Annales politiques et littéraires :
« On prête souvent aux autres les sentiments que l'on a soi-même. Il y a longtemps que l'on rêve sur terre de télégraphier aux planètes voisines que nous vivons perdus dans l'immensité des cieux. On a imaginé je ne sais combien de combinaisons [...].
Rêves et chimères ! Le projet qui est vieux d'un siècle est irréalisable. Les modernes ont pensé aux signaux électriques. La lumière électrique est une lumière sérieuse. Mais on ne remarque pas assez que Mars tourne et nous aussi, si bien que le foyer lumineux aurait quelque peine à être orienté de façon à atteindre un but aussi éloigné et aussi infime. »