1899 : Les chapeaux d'été des chevaux
À la fin du XIXe siècle, les chevaux parisiens se parent pour la première fois de coiffures d'été. La presse relaie cette mode passagère et relativement étrange.
Des chevaux coiffés de chapeaux de paille : en 1899, cela n'a rien de nouveau dans le midi mais c'est inédit pour les Parisiens, comme le rapporte Le Matin :
« Sur le premier moment, les Parisiens, peu habitués à ce spectacle, ont ri de leur allure solennelle, qui les fait ressembler à ces images d'Epinal où l'on voit le Petit Chaperon Rouge causant à un loup poilu, vêtu comme sa grand'mère. Les Parisiens ont eu tort.
Non seulement l'emploi de chapeaux pour les chevaux répond à un sentiment très “humanitaire”, si l'on peut parler ainsi, mais il n'est neuf que chez nous.
Dans le Midi, ç'a existé de tout temps. Les gens y sont tellement habitués qu'ils n'y font plus attention. Les chevaux eux-mêmes, blasés sur la mode, ne tirent aucune vanité de leur couvre-chef. »
Le Matin raconte comment cette mode a été lancée par un modeste charretier, imité ensuite par tous ses confrères :
« Tous les matins ce brave homme partait avec Cocotte et son tombereau pour les longues corvées dans les chantiers où darde un soleil de plomb. Comme la besogne était rude, le fardeau pesant et la chaleur torride, l'homme et la bête souffraient. L'homme, encore, s'arrangeait tant bien que mal pour attraper un peu de fraîcheur, mais la bête ?
Notre charretier eut une idée de génie. Il prit un vieux chapeau de paille, un de ces chapeaux pointus et à larges bords en gouttière, comme en ont les bons bourgeois qui vont pêcher à la ligne sur les bords de la Marne; il y coupa de chaque côté un trou assez grand pour laisser passer l'oreille, et le planta sur l'occiput de son cheval.
Ainsi originalement accoutré, l'animal reprit le trait avec une fierté et une ardeur bien compréhensibles."