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Les épreuves sportives, qu’il s’agisse de tournois locaux et amicaux comme de compétitions à haut niveau, ont toujours été très médiatisées. Les journaux anciens constituent donc naturellement une source privilégiée pour retracer la carrière d’un sportif et évaluer ses performances à l’aune de ses résultats aux championnats.
Une allusion, au détour d’une conversation, suffit parfois à nous embarquer dans une enquête insoupçonnée… Quand un cousin éloigné précise que son oncle par alliance, Paul Faucher, a été champion de France de saut en longueur, je suis évidemment intrigué. Quelques recherches sur Internet ne font qu’attiser ma curiosité : les références à l’athlète sont laconiques et Paul est totalement éclipsé par un homonyme, l’éditeur à l’origine des albums du Père Castor. Sa page Wikipédia indique simplement :
« Paul Faucher (né le 6 février 1920 à Breloux-la-Crèche et mort le 15 avril 2007 à Ballainvilliers) est un athlète français, spécialiste du saut en longueur. Il remporte à trois reprises le titre de champion de France du saut en longueur en 1950, 1951 et 1952. Il participe aux Jeux olympiques de 1952, à Helsinki, et se classe huitième de la finale de la longueur avec un saut à 7,02 m. »
Ces quelques lignes ne répondent malheureusement pas aux nombreuses questions qu’un généalogiste est en droit de se poser : quand et comment a-t-il commencé sa carrière ? Quand a-t-il pris sa retraite ? Comment était-il perçu par ses contemporains ? A quels championnats a-t-il participé ? A quels clubs appartenait-il ? Quel est son palmarès ? Autant de questions qui m’incitent et m’invitent à parcourir la presse ancienne en ligne, sans nul doute la seule source capable d’apporter instantanément des réponses.
Mais encore faut-il savoir en extraire la substantifique moelle. Encore faut-il manier avec dextérité le moteur de recherche de RetroNews pour isoler les articles pertinents au sein des 19 millions de pages de journaux numérisées. Car une simple recherche « Paul Faucher » ne suggère pas moins de 129 000 résultats. Par ailleurs, « Faucher » est à la fois un nom de famille fréquent et un verbe. Pour sélectionner les critères de recherche adéquats, prenons en considération ces quelques éléments :
Ces quelques principes généraux étant posés, soumettons la requête suivante au moteur de recherche avancée de RetroNews :
271 résultats sont suggérés, qui, comme nous le verrons au fil de l’analyse, se révèlent tous pertinents, sauf rares exceptions. Par ailleurs, des recherches similaires, portant sur les termes « Faucher athlète » puis « Faucher athlétisme », mettent en lumière une soixantaine de précieux compléments. Il ne nous reste plus qu’à analyser patiemment ces nombreux extraits de journaux. Mais avant de les parcourir, trions-les par date croissante, à l’aide du menu déroulant situé au-dessus des vignettes.
C’est en 1937 que nous trouvons la première mention de l’athlète dans la presse régionale. Paul Faucher s’illustre en effet lors des 42e championnats régionaux de la Côte d’Argent comme le rapporte La Petite Gironde du 14 juin 1937. Il fait partie du B. E. C., c’est-à-dire le Bordeaux Etudiants Club, et se démarque, contre toute attente, en saut en hauteur ! Il remporte le championnat avec un saut de 1 m. 70. Le journaliste témoigne :
« Ce fut chez les juniors la défaite de Manent par Faucher (B.E.C.). Ce dernier, s’il n’a aucun style, possède par contre une détente exceptionnelle. »
Paul Faucher fait à nouveau parler de lui un an plus tard à l’occasion de la IVe journée des lendits scolaires. Il vient de Libourne et termine second, tant en saut en hauteur qu’en saut en longueur, avec des performances respectives de 1 m. 73 et 6 m. 30 comme en témoigne La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 11 mai 1938. A partir de cette date, les succès s’enchaînent :
« les Bécistes Roulleau et Faucher, athlètes à la détente puissante, sont des espoirs de première grandeur »
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La saison suivante 1939 confirme que Paul Faucher est en pleine ascension :
« il y eut quelques performances intéressantes, et même une très belle, celle du scolaire libournais Faucher qui, en hauteur, franchit 1 m. 82 dans un style remarquable »
Puis Paul Faucher disparaît de la circulation médiatique. La Seconde Guerre mondiale a éclaté et il a 20 ans… Ceci explique sans doute cela. Il nous revient en pleine forme à la saison 1941 et excelle à présent dans le triple saut :
Mais, cette année-là, la presse ancienne ne se limite pas à quelques maigres critiques du talent de l’athlète et à son palmarès aux compétitions. Elle nous livre deux pépites généalogiques. La première, c’est une photo de lui en pleine action, dans Le Cri du Peuple de Paris du 6 juin 1941, légendée ainsi : « FAUCHER de Bordeaux, est-il un athlète d’avenir ? »
La seconde, c’est une véritable biographie du sauteur, accompagnée d’une photographie !
Cette biographie inestimable nous révèle sa date et son lieu de naissance, les professions de ses parents et résume à merveille son parcours depuis ses débuts en 1937, ce parcours que nous nous efforçons de retracer grâce aux journaux de l’époque. Elle met en exergue les talents multiples de cet athlète accompli dans les 3 sauts mais également au football !
Et, de facto, plusieurs articles postérieurs nous révéleront la large palette de compétences de Paul Faucher puisqu’il fait de plusieurs équipes de très haut niveau :
Mais reprenons le fil chronologique de la carrière de Paul Faucher, tout en éludant les détails car ses succès se suivent et se ressemblent au fil des années. Ses talents ne cessent de s’affirmer et ses performances s’améliorent compétition après compétition : 6 m. 70, 6 m. 95, 7 m. 05, 7 m. 33, 7 m. 43, 7 m. 59 ! Et ce sont, sans surprise, les journaux nationaux qui relaient à présent ses prouesses.
Les championnats de France scolaires de 1942 sont une véritable consécration. Même si « son style est frustre et ses moyens énormes » (La France socialiste du 26 mai 1942), il l’emporte dans 3 disciplines : au saut en longueur (6 m. 95), au saut en hauteur (1 m. 75), et au relais 4x100 m ! Si bien qu’il est qualifié « d’homme à tout faire du B.E.C. » (Le Cri du peuple du Paris du 27 mai 1942) :
Il se spécialise à partir de cette date dans le saut en longueur, tout du moins au niveau national. Néanmoins, il n’est « que » 3e aux championnats de France. Cela ne l’empêche pas d’être remarqué et de rejoindre en 1943 la capitale, l’Ecole normale d’éducation physique et sportive (ENEPS) et le Paris Université Club (PUC). Déception en 1943 : il termine 4e aux championnats de France avec un saut médiocre de 6 m. 58 (Journal des débats politiques et littéraires du 27 juillet 1943). Il est nommé professeur d’éducation physique et sportive à Roubaix en 1944 (France-Soir du 19 octobre 1944). Les années suivantes, même si son niveau s’améliore, celui de ses concurrents n’est pas en reste et il ne parvient pas à monter sur la plus haute marche du podium : 3e en 1945 (6 m. 84), 4e en 1946 (6 m. 96), 5e en 1947 (7 m. 05). Il a à présent 27 ans et franchit régulièrement les 7 mètres. Il est même envisagé pour les Jeux olympiques de 1947 à Londres. En 1949, il se surpasse et atteint 7 m. 33 lors des championnats interrégionaux qualificatifs pour le championnat de France (La Croix du 28 juin 1949). Cette année-là, il participe à de nombreuses rencontres internationales, que ce soit contre la Belgique, la Suisse, l’Angleterre, la Finlande ou la Norvège mais ne brille pas.
C’est en 1950, lors des championnats interrégionaux d’athlétisme, qu’il décroche son record : 7 m. 59 ! Paris-presse, l’Intransigeant du 4 juillet 1950 relate l’exploit :
La Croix du 4 juillet 1950 replace également cette prouesse dans son contexte :
« A Niort, une performance domine les résultats, le saut de 7 m. 59 en longueur de Faucher qui accomplit le second meilleur saut français (record R. Paul 7 m. 70), et la meilleure performance européenne de l’année. Le second classé de cette épreuve, Juguet, sauta 7 m. 8. »
Paul Faucher est à l’apogée de sa carrière et cette performance augure bien les championnats de France. Il remporte la victoire avec un saut incroyable de 7 m. 43. De nombreux journaux relaient la nouvelle le 24 juillet 1950 tels que Combat, L’Aurore ou L’Aube. Paul Faucher est ainsi champion de France à 30 ans. Hélas, il échoue aux championnats d’Europe à Bruxelles un mois plus tard. Il conserve son titre en 1951 et 1952 malgré son niveau déclinant et se classe 8e aux Jeux olympiques d’Helsinki avec un modeste saut de 7 m. 2.
Nous voici rendus fort loin des quelques lignes de la fiche Wikipedia de Paul Faucher, bien qu’il ne s’agisse ici que d’un bref résumé des centaines d’extraits dénichés dans les journaux de l’époque. Cet exemple révèle, une fois encore, les ressources inépuisables de la presse ancienne pour reconstituer une carrière ou une biographie, tant dans la presse locale, régionale que nationale, en fonction de la renommée du sujet de l’enquête.
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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouvez et identifiez toutes vos photos de famille, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.