Écho de presse

La campagne d’Égypte (2/4) : l'expédition de Syrie

le 26/10/2018 par Pierre Ancery
le 09/04/2017 par Pierre Ancery - modifié le 26/10/2018
Bonaparte visitant l'hôpital de Jaffa ; estampe, d'après Antoine-Jean Gros ; source Gallica BnF

En février 1799, Bonaparte, devenu maître de l'Égypte, engage ses troupes en Syrie pour y affronter Djezzar Pacha. L'expédition se soldera par un échec cuisant.

Début 1799, Bonaparte est maître de l’Égypte, où depuis Le Caire, il exerce le pouvoir en souverain absolu. Mais le Français apprend que les forces ottomanes de Djezzar Pacha, de Syrie, se sont emparées du fort d'El-Arich, en Palestine, non loin de la frontière avec l’Égypte. Anticipant la guerre avec les Turcs, Bonaparte engage une expédition.

 

À la tête de quelque 13 000 soldats, il part le 10 février, après avoir fait répandre la proclamation suivante, reproduite peu de temps après dans la presse française :

 

"Au nom de Dieu tout puissant, éternel, infini, et souverainement intelligent […]. Nous avons disposé notre marche avec justice et vérité ; nous avons fermement persisté dans la résolution de protéger les libres et les esclaves ; nous avons paru avec nos armées victorieuses pour secourir les opprimés et leur faire goûter pour toujours le repos et la paix. […] Si vous vous rendez à nous, vous ne serez point abandonnés. Sinon, le tranchant du glaive atteindra vos têtes. — Apprenez cela, et salut. Signé, Bonaparte."

 

L'armée française conquiert rapidement El-Arich. Puis après une marche pénible dans le désert, au cours de laquelle elle doit faire face à la trahison des guides, au harcèlement des pillards, à la faim et à la soif, elle parvient à Gaza, puis à Jaffa où se tiennent retranchées les troupes d'élite de Djezzar Pacha. Le 7 mars, Bonaparte s'empare de la ville. Le sort des prisonniers est scellé de façon radicale : 3 000 d'entre eux sont fusillés ou décapités.

 

Le 9, Bonaparte envoie un message à Djezzar Pacha, retranché à Saint-Jean d'Acre. La missive paraîtra dans La Gazette nationale :

 

"Dans quelques jours, je marche sur Acre. Mais pourquoi irais-je enlever à un vieillard que je ne connais pas, quelques années de vie qui lui restent ? Que sont quelques mille de pays de plus, en comparaison de ceux que j’ai déjà conquis ? Et comme Dieu m’accorde la victoire, je veux être comme lui clément et miséricordieux, non seulement envers le peuple, mais aussi envers les grands. Vous n’avez aucune raison solide d'être mon ennemi, puisque vous étiez celui des mamelucks. Votre gouvernement est séparé de l’Égypte par les pays de Gaza, de Rammlé, et par des marais impraticables. Devenez mon ami, soyez l'ennemi des mameluks et des Anglais, je vous ferai autant de bien que je vous ai déjà fait de mal, et que je puis vous en faire."

 

Djezzar Pacha répond qu'il "attend" Bonaparte à Saint-Jean d'Acre et qu'il ne cédera pas. Les troupes françaises marchent alors sur la ville, située sur un promontoire au nord de la baie de Haïfa. Le siège débute le 19 mars. La garnison ottomane est soutenue par la flotte britannique, dirigée par l'amiral William Sidney Smith. Les Français mèneront huit assauts en tout, tous infructueux.

 

En dépit de sa victoire contre les Turcs au Mont-Thabor le 17 avril, Bonaparte finit par se retirer. L'échec est cuisant pour les Français de retour au Caire : 600 hommes morts de la peste, 1200 morts au combat, 1800 blessés. Bonaparte, toutefois, ne peut rester longtemps dans la capitale égyptienne : il vient d'apprendre qu'une flotte turque de cent voiles est devant Aboukir et menace Alexandrie. La dernière bataille de la campagne d’Égypte s'apprête à avoir lieu.

 

(à suivre...)

 

Retrouvez les premier et troisième volets consacrés aux campagnes d'Égypte.

Notre sélection de livres

  • Expédition d'Égypte - Tome I
    Napoléon Ier
  • Expédition d'Égypte - Tome II
    Napoléon Ier
  • Les Six Fuites de Bonaparte
  • L'Agenda de Malus
    Étienne Louis Malus
  • Journal inédit d'un commis aux vivres pendant l'expédition d'Égypte
    Alexandre Lacorre
  • Le Capitaine Gerbaud, 1773-1799
    Maxime Mangerel