Campagne d'Égypte : la bataille des Pyramides
En 1798, la presse publie la correspondance officielle de Bonaparte, alors en Égypte. Celui-ci y fait le récit de la bataille des Pyramides et de son entrée au Caire.
Le 22 octobre 1798, la Gazette nationale publie des nouvelles d’Égypte. Celles-ci sont de première main, puisqu'elles sont signées de Bonaparte lui-même. Parti de Toulon le 19 mai à la tête d'une expédition de 35 000 hommes, Bonaparte, général en chef de l'armée d'Orient, a posé le pied sur le sol égyptien le 1er juillet, remportant le même jour la victoire à Alexandrie.
Dans un courrier du 24 juillet, Bonaparte raconte comment il fit route d'Alexandrie jusqu'à Damanhour, à 70 km de là. Puis à Ramanieh, où se trouvaient les Mamelouks de Mourad Bey, mercenaires turcs qui à l'époque persécutent le peuple égyptien et dont Bonaparte a annoncé vouloir le délivrer :
« Citoyens directeurs,
Le 19 messidor [7 juillet], l'armée partit d'Alexandrie ; elle arriva à Demenhour, le 20, souffrant beaucoup à travers ce désert, de l'excessive chaleur et du manque d'eau […]. Nous n'avions que deux cents hommes de cavalerie, éclopés et harassés encore de la traversée. Les mameluks avaient un magnifique corps de cavalerie, couvert d'or, d'argent, armés des meilleurs carabines et pistolets de Londres […]. »
S'ensuit le récit d'un combat où Bonaparte note le courage des « citoyens Monge et Berthollet ». Les Français victorieux poursuivent en direction du Caire, marchant « pendant huit jours, privés de tout, et dans un des climats les plus brûlants du monde ».
Puis, le 21 juillet, c'est la bataille des Pyramides, à Gizeh. Bonaparte raconte :
« À deux heures après-midi, nous nous trouvâmes en présence de l'armée ennemie. J'ordonnai aux divisions des généraux Desaix et Reynier de prendre position sur la droite […]. Dès que Mourat-bey s'aperçut du mouvement du général Desaix, il résolut de le charger. Il envoya un de ses beys les plus braves avec un corps d'élite qui, avec la rapidité de l'éclair, chargea les deux divisions. On le laissa approcher jusqu'à cinquante pas, et on l'accueillit par une grêle de balles […]. »
Les charges mameloukes se brisent sur les forces françaises, que Bonaparte a fait disposer en carrés, avec des canons placés à chaque angle. L'armée de Napoléon n'a plus qu'à contre-attaquer. Les cavaliers ennemis sont rapidement massacrés. Dans son courrier, le général rend hommage à leur « grande bravoure ».
Puis il décrit son entrée au Caire :
« Le Caire, qui a plus de trois cent mille habitants, a la plus vilaine populace du monde […] Il est difficile de voir une terre plus fertile, et un peuple plus misérable, plus ignorant et plus abruti. Ils préfèrent un bouton de nos soldats à un écu de six francs. »
La victoire écrasante sur les mamelouks laisse espérer à Bonaparte une campagne triomphale. Mais la défaite navale d'Aboukir, le 1er août, va changer la donne pour les Français, dès lors prisonniers d'un pays qu'ils viennent de conquérir.