Extrait du journal
Un sou par jour, cinq sous par prêt ! Un fusil, une baïonnette, un havre-sac et des brodequins ! O fantassin, mon frère, toi que pendant quarante années j’ai aimé de tout mon cœur et que j’aimerai jusqu’à mon dernier souffle ! toi que les poètes ont chanté en vers... laisse-moi te chanter en prose, noble enfant de la France guerrière, soldat d’un sou 1 Tu marches, tu marches toujours, portant sur tes épaules et sur tes hanches ta défro que trouée, tes munitions, ta tente, tes vi vres, ton bois, tes outils, ton logis, ta cui sine, ton bidon et tes armes. Tu montes, tu descends, tu grimpes, tu dégringoles, lu cours, tu rampes, tu sautes, tu traverses, tu bondis, tu t’élances, tu lires, tu embroches, tu poursuis, tu tombes, tu te relèves, tu retombes, tu saignes, tu meurs et ta belle âme s’envole, comme l’alouette, pour chanter, éternellement, au-dessus des tertres fleuris, la gloire des petits soldats, des immortels piétons, des rois de la ba taille 1 Beau petit soldat, alerte, fier et modeste ! Tu veilles quand les autres reposent ; tu passes où les sentiers ne passent plus ; tu fouilles les ravins et les bois ; tu escalades les rochers et les pics, tu franchis les ri vières, les fossés, les tranchées, les mu railles, les remparts et tu plantes le dra peau sur le sol qu’inonde ton sang ! Le vent, la pluie, la neige, le soleil, la nuit, la glace, l’eau, le feu, les boulets et les balles... rien ne t’arrête ; on ne compte pas tes cadavres..., tu es la chair à canon et tu t’en glorifies 1 Tu dors à peine ; tu manges quand on t’en laisse le temps ; tu remplis ton bidon d’eau claire, en attendant le vin de la vic toire et tu graisses tes pieds nus sous le cuir troué de ta chaussure. O cher petit soldat, en vérité, je te le dis, il y a, là haut, dans le Paradis des braves, un séjour enchanté où tu retrouveras tous les vieux camarades, autour des tables du festin : ceux de la légion de l’Alouette, les francs-archers, les piquiers, les hallebardiers, les mousquetaires et tous ceux qui ont combattu avec le fusil à pierre, avec le fusil à piston, avec le chassepot, avec le Gras, avec le Lebel. Les grenadiers, les voltigeurs, les fusi liers, les chasseurs et les zouaves, tous, en grande tenue, t’attendent, là-bas, le verre à la main ! Marche î marche toujours î Chante tes vieilles chansons de route et lève la tête et tend le jarret, en traversant les villages ! toutes les belles filles te regardent et t’ai? nient... 1 - ' • ", Le fantassin âu coeur sensible Est celui qui touche la câble 1 Vn Ancien, j....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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